Mots

Ce cadavre est exquis...

Lundi 30 août 2010 à 21:51

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Quatrième de couverture : Phénomène littéraire sans équivalent depuis les années 50, J.D. Salinger reste le plus mystérieux des écrivains contemporains, et son chef-d'oeuvre, " L'attrape-coeurs ", roman de l'adolescence le plus lu du monde entier, est l'histoire d'une fugue, celle d'un garçon de la bourgeoisie new-yorkaise chassé de son collège trois jours avant Noël, qui n'ose pas rentrer chez lui et affronter ses parents. Trois jours de vagabondage et d'aventures cocasses, sordides ou émouvantes, d'incertitude et d'anxiété, à la recherche de soi-même et des autres.
L'histoire éternelle d'un gosse perdu qui cherche des raisons de vivre dans un monde hostile et corrompu.

Mon avis : J'aime ! C'est frais, moderne, urbain, humain. On suit les pérégrinations de Holden, anti-héros par excellence, dans un New York by night. On a vraiment l'impression d'être avec lui dans le train, les bars, les rues noires. On s'habitue très vite au langage si singulier du garçon, qui malgré ses airs de dur, se sent seul. Ses frères et sa soeur lui manquent. On passe d'un moment drôle à un passage existentiel ou émouvant. Je regrette de ne pas l'avoir lu encore plus jeune (je l'ai lu à 16 ans) parce qu'il faut une certaine naïveté pour lire ce bouquin, ce roman de l'adolescence. C'est dingue. Mais, en fait, où vont les canards quand il fait trop froid ?
Conclusion : Ouah. Moi, ce livre, ça m’a tué. Bicause l’histoire est vachement bien et tout. C’est dingue.
Ma note : 18/20.

Morceau choisi : Pourquoi L'attrape-coeurs
« J’ai dit « Tu sais ce que je voudrais être ? Tu sais ce que je voudrais être si on me laissait choisir, bordel ?
- Quoi ? Dis pas de gros mots !
- Tu connais la chanson « Si un cœur attrape un cœur qui vient à travers les seigle » ? Je voudrais…
- C’est « Si un corps rencontre un corps qui vient à travers les seigles ». C’est un poème de Robert Burns.
- Je le sais bien […] Bon. Je me présente tous ces petits mômes qui jouent à je ne sais quoi dans le champ de seigle et tout. Des milliers de petits mômes et personne avec eux je veux dire pas de grandes personnes – rien que moi. Et moi je suis planté au bord d’une saleté de falaise. Ce que j’ai à faire c’est attraper les mômes s’ils s’approchent trop près du bord d’une saleté de falaise. Ce que j’ai à faire c’est attraper les mômes s’ils s’approchent trop près du bord. Je veux dire s’ils courent sans regarder où ils vont, moi je rapplique et je les rattrape. C’est ce que je ferais toute la journée. Je serais juste l’attrape-cœur et tout. D’accord c’est dingue, mais c’est vraiment ce que je voudrais être. Seulement ça. D’accord, c’est dingue. » 

PS : L'auteur est mort pendant que je lisais son livre.

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Jerome David Salinger
1919 † 2010
RIP



 

Lundi 30 août 2010 à 22:50

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Mon résumé : Beigbeder, c'est cet écrivain très médiatique aux manières très snobs, présent à toutes les soirées chics parisiennes. Il est issu de la nouvelle vague d'écrivains parisiens bobos qui estiment qu'un bon récit doit être fondé sur la sentimentalité. Sentimentalité qui hélas peut des fois aller jusqu'à la mièvrerie. Mais ce n'est pas le cas de ce roman, succès incontestable de l'écrivain, qui explore l'aventure amoureuse de Marc Marronnier, entre déceptions et redécouverte de la sensualité.
La première phrase nous met directement dans l'ambiance et dans l'état d'esprit de Marc/Beigbeder ( "Fini de tricher : j'ai décidé d'être mon personnage principal.") : «L’amour est un combat perdu d’avance.». En effet, celui-ci vient de divorcer de sa femme, il ne l'aime plus, il l'a trompé. C'est ce qui a accéléré les choses. La nouvelle femme qu'il aime et qui l'aime se joue de lui, et lui, se joue d'elle. Marc se perd en conjecture quant à la véritable nature de leur amour. Le roman se divise en deux parties : "Les vases communicants" avec le divorce et le nouvel amour de Marc et "Trois ans plus tard à Formentera" avec sa nouvelle amoureuse. Leur relation va-t-elle dépasser les trois ans comme l'espère ce faux pessimiste ?

Mon avis : Ce roman de 200 pages, je l'ai lu en 3 jours : le style est merveilleux, plein d'humour, avec de l'épistolaire, des maximes et beaucoup d'indications de régie, souvent ironiques et qui rappellent le parallélisme que l'on peut établir entre Marc et Beigbeder. Ici aucune trace de lyrisme, l'amour est traité avec légèreté, l'écriture est une retranscription des pensées du personnage, les phrases sont simples, spontanées mais plutôt lucides. Malgré le titre pessimiste à première vue, la fin, pleine de suspense, semble plutôt optimiste.
Cependant, Beigbeder n'a vraiment pas pris de risque, il a traité d'un sujet très commerçial avec un titre très provoquant pour attirer les lecteurs (n'oublions pas qu'il a une carrière de publicitaire derrière lui). De plus, si l'on aime ce roman, on le trouve très court... trop court.
Ce livre est conseillé aux personnes qui aiment les histoires d'amour ou tout simplement l'humour et l'originalité.
Conclusion : Un roman très sympa à lire pour décompresser ou pour aborder le thème "vu et revu" de l'amour d'un point de vue grinçant mais sincère.
Ma note : 15/20.

 Morceau choisi : Les meubles
"La première année, on achète des meubles. La deuxième année, on déplace les meubles. La troisième année, on partage les meubles."

Mercredi 1er septembre 2010 à 2:20

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Quatrième de couverture : Parce qu’elle ne bouge pas et ne pleure pas, se bornant à quelques fonctions essentielles – déglutition, digestion, excrétion –, ses parents l’ont surnommée la Plante. L’intéressée se considère plutôt, à ce stade, comme un tube. Mais ce tube, c’est Dieu.
Le lecteur comprendra vite pourquoi, et apprendra aussi que la vie de Dieu n’est pas éternelle, même au pays du Soleil levant...
Avec cette « autobiographie de zéro à trois ans », Amélie Nothomb nous révèle des aspects ignorés de sa personnalité et de la vie en général.

Mon avis : Je n'ai pas accroché. J'ai trouvé le tout extrèmement plat et décevant. Le roman est divisé en de multiples épisodes, certains n'ont aucune utilité, cependant, d'autres peuvent se révéler délicieusement ironiques ou comiques. Les passages informatifs sur le Japon (l'attitude des Japonais vis-à-vis de la mort, le nô, le mois des garçons, etc.) et les quelques rares paragraphes philosophiques sont assez réussis. Ce livre est très court et écrit très gros, un avantage pour certains, un inconvénient pour d'autres qui peuvent voir là un manque d'idées ou d'inspiration. Un roman très inégal en somme.
Conclusion : Un roman autobiographique assez fade (malgré des passages fort intéressants) qui ne va pas au bout de ses idées. Lecture tout de même agréable.
Ma note : 11/20.

Morceau choisi : 
"La meilleure raison, pour se suicider, c'est la peur de la mort."

Lundi 6 septembre 2010 à 22:30

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Quatrième de couverture : C’est l’histoire d’un grand frère qui a tout fait pour ne pas ressembler à ses parents, et d’un cadet qui a tout fait pour ne pas ressembler à son grand frère. C’est l’histoire d’un garçon mélancolique parce qu’il a grandi dans un pays suicidé, élevé par des parents déprimés par l’échec de leur mariage. C’est l’histoire d’un pays qui a réussi à perdre deux guerres en faisant croire qu’il les avait gagnées […]. C’est l’histoire d’une humanité nouvelle, ou comment des catholiques monarchistes sont devenus des capitalistes mondialisés. Telle est la vie que j’ai vécue : un roman français. F. B. Ce livre a reçu le Prix Renaudot.

Mon avis : Beigbeder est surpris par les policiers en train de sniffer. Il est emmené au poste. Une fois enfermé, il s'aperçoit qu'il est amnésique, qu'il ne se souvient plus de son enfance (mais bien sûûûûûr !). Il va donc écrire un livre dans sa tête, puisqu'il n'a pas de stylo à disposition (les policiers ayant trop peur qu'il se plante avec), pour essayer de "retrouver" son enfance soi-disant perdue.
Je viens de finir à l'instant ce roman et je suis mitigé. Je vais commencer par ce que je n'ai pas aimé. Je n'ai pas aimé la narcissisme de Beigbeder qui se lance tout le temps des fleurs (je me souviens vaguement d'une phrase "Moi qui est un des écrivains français les plus traduits dans le monde", vous voyez le genre). C'est vraiment agaçant. Je n'ai pas aimé non plus la façon dont il vante les mérites de sa famille. Oui, on sait que tu es un gros fils de riche. Oui, on sait aussi que tes parents sont supers intelligents. Oui, on sait que tes ancêtres ont cotôyé des personnes illustres ("Ronsard a dédié une ode à l'un de mes aïeux") etc. Je n'ai pas aimé non plus toutes les références qu'il fait : "admirez ma cultuuuuuuuure !", c'est vraiment ce que j'avais l'impression qu'il disait au lecteur implicitement. Je n'ai pas aimé le principe de l'autobiographie (surtout pour son cas) : comprenez, avoir une autobiographie c'est une sorte d'égocentrisme à l'état pur. Au contraire, j'ai vraiment aimé certains éléments. L'alternance dans le récit prison/enfance est intéressante et permet d'établir des liens. Les chapitres sont très courts, ce sont des bribes de prison, des bribes d'enfance. Le chapitre sur les lectures qui ont guidé son enfance est très bien, "Les "non-A" de Van Vogt et le "A" de Fred". La sincérité qui émane du roman est assez troublante et quelques (rares) fois touchantes. D'ailleurs, on comprend bien vite que Beigbeder souffre d'un manque de reconnaissance. Le "bilan" et l'épilogue sont assez réussis et émouvants. J'ai tout de même préféré L'amour dure trois ans du même auteur, je ne dois pas vraiment aimé les autobiographies.
Conclusion : Une autobiographie romancée originale et sincère pour les inconditionnels de Beigbeder. Une lecture agréable mais pas extraordinaire, aussi touchante qu'agaçante.
Ma note : 13/20.

Morceau choisi : Frédéric, enfant
" De toute manière elles n’avaient d’yeux que pour Charles, qui ne les voyait pas. Elles s’illuminaient sur son passage, « hé ! voilà le Parisien blond », et Delphine leur demandait fièrement : « Vous vous souvenez de mon neveu ? » ; il me précédait dans la pente vers la mer, prince d’or aux yeux indigo, un garçon si parfait en polo et bermuda Lacoste blancs qui descendait au ralenti vers la plage avec sa planche de body surf en polystyrène expansé sous le bras, au milieu des terrasses fleuries d’hortensias… puis les filles perdaient leur sourire quand elles me voyaient courir derrière, squelette ébouriffé aux membres désordonnés, clown malingre aux incisives cassées par une bataille de marrons à Bagatelle, les genoux rugueux de croûtes violettes, le nez qui pelait, le dernier gadget de Pif à la main. Elles n’étaient même pas dégoûtées par mon apparition, mais leurs regards vaquaient à d’autres occupations quand Delphine me présentait : « Et, euh… lui c’est Frédéric, le petit frère. » Je rougissais jusqu’au bout de mes oreilles décollées, qui dépassaient de ma tignasse blonde, je n’arrivais pas à parler, j’étais paralysé de timidité. "

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