Mots - Ce cadavre est exquis...Modestes critiques.Cowbloghttp://mots.cowblog.frMon, 25 Jul 2011 18:10:33 +0200180Fin de partie de Samuel BeckettMon, 25 Jul 2011 18:10:00 +0200Mon, 25 Jul 2011 18:10:00 +0200http://mots.cowblog.fr/fin-de-partie-de-samuel-beckett-3125494.htmlLeo76
Mon résumé : "Intérieur sans meubles. Lumière grisâtre." Beckett pose le décor et annonce la pièce par ces cinq petits mots apparemment anodins. 4 personnages, fonctionnant par paire, structurent la pièce : Hamm, tyran aveugle et paraplégique, Clov, jambes de Hamm, Nagg, père de Hamm, et Nell, sa femme, tous deux étant cul-de-jatte. Les parents vivent dans des poubelles : on rejette la maternité (Nell meurt dans l'indifférence générale) et tout ce qui est capable de procréer. "Maudit fornicateur !" lance Hamm à Nagg, la vie est une souffrance (il n'y a qu'à voir les corps des personnages), il faut l'éliminer. Ainsi, Clov se verse de la poudre insecticide dans son pantalon, pour éliminer une puce (trace de vie) et son organe sexuel. Les personnages veulent finir mais ne finissent jamais. "Quelque chose suit son cours." oui mais quoi ? Les "Un temps." envahissent petit à petit la pièce, signe que quelque chose "avance". Mais vers quoi ? La mort ? La fin semble juste être le recommencement. Les personnage jouent, se mettent en scène, Clov, ouvre une deuxième fois les rideaux, Hamm, en véritable cabotin, récite son "roman" adoptant plusieurs "voix". "Cessons de jouer !" supplie Clov, "Jamais !" lui répond à Hamm. La pièce semble être condamnée à ne jamais se finir, pourtant la fin approche et se fait de plus en plus pressante.

Mon avis : Lu dans le cadre du cours de Littérature, 2ème lecture de l'année.
Ce n'est pas évident de donner un avis sur une telle pièce. Beckett est si intense et dérisoire. J'aime et je n'aime pas.
Les pièces absurdes, en général, j'aime beaucoup. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, à la lecture du résumé ou à la vue de la tête de Beckett (ici), FDP est une pièce drôle. Beckett mélange absurde, comique, tragique avec brio. D'ailleurs, ces registres se confondent totalement : ainsi Nell dit "Rien n'est plus drôle que le malheur. C'est la chose la plus comique au monde". Les registres s'interpénètrent pour n'en former qu'un, le registre beckettien. Alors même que les personnages sont handicapés, cruels, il m'est arrivé de sourire pour une réplique inattendue ou une situation étrange.
Le théâtre beckettien est cependant très "intellectuel" (mot à prendre avec des pincettes). Beckett, malgré un manque de sens assumé, critique, par exemple, la figure du romancier à travers "le roman" de Hamm. Il se joue des codes théâtraux et invente un nouveau théâtre. On a souvent entendu dire que Beckett est un théâtre de l'absurde, certes, quand on lit Beckett, on a l'impression de ne pas trop "saisir" ce qui se passe. Cependant, l'absurde désigne plus un mouvement littéraire d'idées (Sartre, Camus...), ce que refuse véhémentement Beckett. Il serait plus juste de parler d'anti-théâtre, non seulement parce qu'il se refuse de respecter les règles du théâtre dit classique (comme dit plus haut), mais aussi parce qu'il met le théâtre à nu, le minimalise... pour retourner à son essence même ! Finalement, du Beckett serait bien plus théâtral que du Molière ou du Racine ! Le théâtre est à la fois la forme et le fond de sa pièce puisque même les personnages, et surtout Hamm, se prennent pour des acteurs. Cette métathéâtralité (quand le théâtre parle du théâtre, une sorte de mise en abyme si vous préférez) renforce l'importance de la théâtralité dans l'anti-théâtre beckettien.
Conclusion : Une pièce qui est accessible à tout le monde, car supposée "sans sens" (donc tout le monde part du même point, normalement). Il faut se laisser porter par la prose poétique (ou poésie prosaïque ?) de Beckett, le texte est écrit dans un vocabulaire simple, sans fioritures (encore une fois le désir de Beckett de minimaliser). Néanmoins, l'oeuvre peut vous passer à côté si vous ne possédez pas quelques clés (j'en ai donné quelques unes dans le résumé et dans mon avis) essentiels à la compréhension de l'histoire, ou plutôt des histoires (vous comprendrez bien assez tôt !). J'ai conscience que ce que je dis n'est pas très clair, mais lisez-le et vous verrez : ce n'est pas si facile d'en parler clairement. : )
Une citation de Charles Dantzig qui me semble résumer le personnage qu'est Beckett : "Beckett est un faux maigre. Il est drôle, habile, lourd. Parfois rabâcheur, gâtant certains passages, ceux où il a dû se trouver le plus drôle. Cet austère n’est pas dépourvu de complaisance. Il a des moments de sous-écrit surécrits, mais l’ironie le sauve de l’affectation."
Ma note : 15/20.

Morceau choisi : La question du sens
Hamm : On n'est pas en train de... de... signifier quelques chose ?
Clov : Signifier ? Nous, signifier ! (Rire bref.) Ah elle est bonne !

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L'Odyssée de HomèreThu, 30 Jun 2011 15:20:00 +0200Thu, 30 Jun 2011 15:20:00 +0200http://mots.cowblog.fr/l-odyssee-de-homere-3119553.htmlLeo76

Résumé : Le titre de l’Odyssée (ou Odusseía en grec ancien) est formé sur le nom grec d’Ulysse (Odusseús). Ce poème que l’on attribue à Homère, un aède originaire d’Asie Mineure, relate en effet les aventures d’Ulysse, lors de son retour chez lui à la fin de la guerre de Troie. Cette épopée, découpée en 24 chants, est écrite en hexamètres dactyliques et compte 12.109 vers. On pense qu’elle a été composée au VIIIème siècle av. J.-C., après l’Iliade, l’autre épopée d’Homère qui raconte la guerre de Troie.
Ce poème épique est une œuvre fondatrice dans la culture européenne. Il a inspiré de nombreuses parodies et réécritures, dont le roman Ulysse de James Joyce (1921).

Mon avis : Lu dans le cadre du cours de Littérature, 1ère lecture de l'année.
L’Odyssée est un récit sur la maturité. Ulysse apparaît comme un héros épique, cependant l’est-il réellement ? Car s’il est un beau et vaillant guerrier, Homère le montre aussi comme un héros humain. Ulysse n’est pas parfait, il ne saurait se penser supérieur aux dieux. Néanmoins, il commet la faute d’hubris avec le Cyclope Polyphème, il va au-delà de sa condition d’homme. Cet orgueil sera la cause de ses malheurs. Ulysse ment, ruse tout comme sa déesse tutélaire Athéna, il fait preuve de la metis. Il s’éloigne des valeurs guerrières : dans L’Odyssée, Homère met en lumière l’intelligence plutôt que le combat (L’Illiade). Homère aussi a muri : alors que L’Illiade est une épopée guerrière et de la jeunesse, L’Odyssée est une épopée de la parole et de la sagesse. Ulysse ne souhaite que son retour chez les siens – retour qui ne se fera pas sans difficulté – en Ithaque. C’est un héros nostalgique que nous présente Homère : il veut simplement retrouver sa femme, son enfant et sa terre. La terre en effet semble symboliser la stabilité à côté du monde mouvant et mortifère qu’est la mer. Ulysse apprendra grâce à ses aventures à respecter l’ordre naturel. L’homme doit trouver sa place entre le monstrueux, l’animalité, d’une part, et le divin, d’autre part : assumer cette position intermédiaire dans la hiérarchie des êtres, c’est accepter sa condition de mortel, comme le fait Ulysse, qui n’est sans doute « l’Egal des dieux » que parce qu’il a refusé l’immortalité divine offerte par Calypso. Je pourrais parler (ou écrire) pendant des heures sur L’Odyssée : tout d’abord parce que j’ai eu un cours dessus (programme de littérature 2010-2011) et surtout parce que j’ai beaucoup aimé. Pas au début, il a fallu du temps. Les tournures de phrase me semblaient difficilement compréhensibles. Mais on s’habitue. Les aventures d’Ulysse sont entraînantes et d’autant plus agréables à suivre qu’elles sont épisodiques. Le cours a éclairé le sens de ce que j’avais lu, la richesse de ces chants m’est apparue. Tant de sens peuvent se dégager de cette œuvre fondamentale… 
Conclusion : Une oeuvre qui peut paraître "lourde" à première vue, mais - ne jamais se fier aux préjugés - qui vous réserve de belles surprises. On en apprend plein sur la grèce antique (mythologie, moeurs). Bref, une belle plongée dans un monde où se mélangent divinités, créatures, merveilleux et humanité.
Ma note : 18/20.

Mes passages préférés : les Phéaciens, Circé, Charybde et Scylla.]]>
HK : liste de lectures françaisWed, 29 Jun 2011 21:00:00 +0200Wed, 29 Jun 2011 21:00:00 +0200http://mots.cowblog.fr/hk-liste-de-lectures-francais-3119343.htmlLeo76

XVIème siècle :

Rabelais, Gargantua
Du Bellay, Les Regrets
Ronsard, Les Amours
Montaigne, quelques extraits des Essais ( par exemple, « Des coches », «  Des cannibales »)
Agrippa d’Aubigné, Les Tragiques,livre 1



XVIIème siècle :

Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves
Corneille, L’Illusion comique, Le Cid
Molière, Tartuffe, Dom Juan, Le Misanthrope
Racine, Andromaque, Phèdre, Bérénice



XVIIIème siècle :

Montesquieu, Lettres persanes
Voltaire, Zadig, Candide, L’Ingénu
Diderot, Jacques le fataliste et son maître
Laclos, Les liaisons dangereuses
Rousseau, Confessions (Livres 1-6), Rêveries du promeneur solitaire
Marivaux, Le jeu de l’amour et du hasard, Les fausses confidences



XIXème siècle :

Balzac, Les illusions perdues, Le lys dans la vallée, Le Père Goriot
Musset, Lorenzaccio
Stendhal, Le Rouge et le Noir, La Chartreuse de Parme
Flaubert, Madame Bovary, L’Education sentimentale
Zola, La Curée, L’assommoir, Germinal
Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Spleen de Paris
Rimbaud, Poésies, Une Saison en enfer
Mallarmé, Poésies



XXème siècle :

Proust, Un amour de Swann, dans Du côté de chez Swann
Apollinaire, Alcools
Gide, Les Faux-monnayeurs
Sartre, La Nausée
Camus, L’étranger, La chute
Céline, Voyage au bout de la nuit
Butor, La modification
Duras, Un barrage contre le Pacifique, Moderato cantabile
Sarraute, Les fruits d’or, Enfance
Beckett, En attendant Godot, Fin de partie


J'en ai déjà lu quelques uns, mais très peu. Il faut que je lise tous les titres en gras pour la rentrée.
J'ai plutôt hâte à cette nouvelle année que j'espère enrichissante.]]>
RetourWed, 29 Jun 2011 20:50:00 +0200Wed, 29 Jun 2011 20:50:00 +0200http://mots.cowblog.fr/retour-3119337.htmlLeo76 J'ai passé mon bac, je le sens moyen. Je vous dirai mes notes quand je les aurai, ainsi que, j'espère, ma mention.
Je suis accepté en CPGE (Classe Préparatoire aux Grandes Ecoles), ou hypokhâgne : j'espère enrichir ma culture, aussi bien littéraire que générale.

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Ca y est ! J'ai eu mes notes !
Je suis globalement content, des bonnes notes, pas extraordinaires, mais ça me suffit !
Je vous rappelle mes notes de première :
Français écrit : 16/20 (j'pensais avoir moins que 10...)
Français oral : 10/20 (déception !)
Enseignement scientifique : 13/20 (je m'en foutais en fait)
Maths-info : 19/20 (bien content)
TPE ("Miyazaki : représentation de la civilisation japonaise ?" avec un site web) : 20/20 (extase !)
Et voici mes notes de terminale :
Littérature (Quignard) : 17/20 (heureux)
Philosophie ("L'homme est-il condamné patati") : 14/20 (surprise de taille !)
Anglais LV1 : 14/20 (grosse déception, je m'attendais à un 17-18)
Espagnol LV2 : 15/20 (avec 11 de moyenne toute l'année...)
HG : 14/20 (déçu a priori mais vu le sujet, content)
Spé maths : 17/20 (je m'y attendais)
EPS : 11/20 (strictement rien à foutre !)
Option arts plastiques (sujet : "La Rencontre") : 18/20 (je m'y attendais pas trop)
Moyenne : 15.64/20 !

J'ai eu la mention BIEN ! : )

http://mots.cowblog.fr/images/expressionvisageheureuxrirecoloriageimagierMonsieurmadamebonhomme.gif]]>
Stupeur et tremblements d'Amélie NothombTue, 07 Dec 2010 15:30:00 +0100Tue, 07 Dec 2010 15:30:00 +0100http://mots.cowblog.fr/stupeur-et-tremblements-d-amelie-nothomb-3066756.htmlLeo76
Résumé : Au début des années 1990, la narratrice est embauchée par Yumimoto, une puissante firme japonaise. Elle va découvrir à ses dépens l’implacable rigueur de l’autorité d’entreprise, en même temps que les codes de conduite, incompréhensibles au profane, qui gouvernent la vie sociale au pays du Soleil levant.
D’erreurs en maladresses et en échecs, commence alors pour elle, comme dans un mauvais rêve, la descente inexorable dans les degrés de la hiérarchie, jusqu’au rang de surveillante des toilettes, celui de l’humiliation dernière. Une course absurde vers l’abîme – image de la vie –, où l’humour percutant d’Amélie Nothomb fait mouche à chaque ligne.
Entre le rire et l’angoisse, cette satire des nouveaux despotismes aux échos kafkaïens a conquis un immense public et valu à l’auteur d’Hygiène de l’assassin le Grand Prix du roman de l’Académie française en 1999.

Mon avis : Mon deuxième Nothomb. Comme vous le savez, je n'avais pas aimé Métaphysique des tubes. Là, c'est le contraire, j'ai totalement adhéré. Le cynisme est très présent mais Amélie est plus touchante. [à compléter]]]>
Le Joueur d'échecs de Stefan ZweigMon, 25 Oct 2010 18:30:00 +0200Mon, 25 Oct 2010 18:30:00 +0200http://mots.cowblog.fr/le-joueur-d-echecs-de-stefan-zweig-3052102.htmlLeo76
Challenge ABC : 1er livre lu

Résumé : Sur un paquebot vont s’opposer deux champions d’échecs que tout sépare : le champion en titre, d’une origine modeste mais tacticien redoutable, et un aristocrate qui n’a pu pratiquer que mentalement, isolé dans une geôle privée pendant la répression nazie.

Mon avis : Cette petite nouvelle, lue dans le cadre du Challenge ABC, m'a beaucoup plu, contrairement à ce que je pensais. J'ai longtemps pratiqué les échecs, j'aime ce jeu, mais je pensais qu'un récit entièrement consacré à cela serait quelque peu ennuyeux. Il n'en est rien. Le récit va bien au-delà du jeu, il s'intéresse aux joueurs, à leur psychologie et à leur histoire. Les personnages sont intéressants et atypiques. L'action n'est pas intense, le récit est plutôt situé dans le passé. La fin est assez surprenante.
Conclusion : Une bonne surprise, une nouvelle émouvante et agréable à lire.
Ma note : 16/20.

Morceau choisi : Le narrateur est retenu - pour des raisons qui lui échappent - dans une chambre d'hôtel, sans aucune occupation. Il réussit à voler un livre dans la poche de son gardien : il s'agit d'un traité d'échecs.
Grâce au ciel, je m'avisai que mon drap de lit était grossièrement quadrillé. Plié avec soin, il finit par faire un damier de soixante-quatre cases. Je cachai alors le livre sous le matelas, après en avoir arraché la première page. Puis je prélevai un peu de mie sur ma ration de pain et j'y modelai des pièces, un roi, une reine, un fou et toutes les autres. Elles étaient bien informes, mais je parvins, non sans peine, à reproduire sur mon drap de lit quadrillé les positions que présentait le manuel. Néanmoins, lorsque je tentai de jouer une partie entière, j'échouai d'abord les premiers jours, à cause de mes ridicules pièces en mie de pain que j'embrouillais continuellement, parce que je n'avais pu mettre sur les "noires" que de la poussière en guise de peinture. Cinq fois, dix fois, vingt fois, je dus recommencer cette première partie. Mais qui au monde disposait de plus de temps que moi, dans cet esclavage où me tenait le néant, qui donc aurait pu être plus avide et plus patient? Au bout de six jours, je jouais déjà correctement cette partie; huit jours après, je n'avais plus besoin des pièces en mie de pain pour me représenter les positions respectives des adversaires sur l'échiquier. Huit jours encore, et je supprimais le drap quadrillé. Les signes a1, a2, c7, c8 qui m'avait paru si abstraits au début se concrétisaient à présent automatiquement dans ma tête en images visuelles. La transposition était complète : l'échiquier et ses pièces se projetaient dans mon esprit et les formules du livre y figuraient immédiatement des positions. J'étais comme un musicien exercé qui n'a qu'un coup d'œil à jeter sur une partition pour entendre aussitôt les thèmes et les harmonies qu'elle contient. Il me fallut encore quinze jours pour être en état de jouer de mémoire - ou, selon la formule consacrée, à l'aveugle - toutes les parties d'échecs exposées dans le traité; je compris alors quel inappréciable bienfait ce vol audacieux m'avait valu. Car j'avais maintenant une activité, absurde ou stérile si vous voulez, mais une activité tout de même, qui détruisait l'empire du néant sur mon âme. Je possédais, avec ces cent cinquante parties d'échecs, une arme merveilleuse contre l'étouffante monotonie de l'espace et du temps.
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Le Banquet de PlatonMon, 25 Oct 2010 12:10:00 +0200Mon, 25 Oct 2010 12:10:00 +0200http://mots.cowblog.fr/le-banquet-de-platon-3052012.htmlLeo76Résumé : Le Banquet (en grec ancien Συμπόσιον, Sumpósion) est un texte de Platon écrit aux environs de 380 avant J.-C. Il est constitué principalement d’une longue série de discours portant sur la nature et les qualités de l’amour (eros). Tò sumpósion en grec est traduit traditionnellement par le Banquet ; ce terme désigne ce que l'on appelle aujourd'hui une « réception », une fête mondaine dans laquelle on boit généralement plus qu'on ne mange.

Mon avis : Ce texte est sûrement le texte philosophique le plus connu au monde. En bon littéraire, je me devais de lire cette oeuvre clé de la pensée antique. J'ai trouvé ce petit texte intéressant et assez facile à lire dans l'ensemble. Il y a de bonnes idées sur l'amour, mais la plupart sont désuètes. La philosophie est très subjective : je n'adhère pas à l'idéalisme platonicien. Néanmoins, ce texte mythique a le mérite de ne pas se prendre au sérieux : l'humour est très présent dans le texte contrairement à ce que l'on pourrait croire. De plus, le récit est enchassé : on apprend l'histoire du Banquet d'Apollodore qui tient lui-même l'histoire d'Aristodème. Platon peut ainsi s'autoriser quelques défaillances, ou modifications. Dans ce texte, la maïeutique de Socrate n'est pas vraiment présente, il faudra lire un autre livre de Platon pour la découvrir !
Conclusion : Un texte fondateur de la philosophie occidentale à lire au moins une fois dans sa vie.
Ma note : 14/20.

Morceau choisi : Le discours d'Aristophane, le mythe des Androgynes
Autrefois la nature humaine n’était pas ce qu’elle est maintenant ; elle était bien différente. D’abord il y avait trois genres, et non deux comme maintenant, un mâle et une femelle ; s’y ajoutait un troisième genre qui participait des deux autres - dont l’appellation a subsisté - mais qui a lui-même disparu : il y avait un genre androgyne, dont l’aspect et le nom participait à la fois des deux autres [...]. Par ailleurs la forme de chaque homme était entièrement ronde, avec un dos arrondi et des côtes circulaires, avec quatre mains, autant de jambes et deux visages sur un cou d’une rondeur parfaitement régulière, mais une seule tête sous les deux visages regardant en sens opposés ; avec quatre oreilles, et deux sexes [...]. Ils étaient doués d’une force et d’une vigueur prodigieuse et d’une grande présomption. Ils s’en prirent aux dieux [...]. Après s’être torturé l’esprit, Zeus déclara : « Je crois tenir le moyen pour qu’il y ait encore des hommes et pour mettre en même temps fin à leur impudence : c’est qu’ils deviennent plus faibles. Je vais donc les séparer en deux [...]. » Sur ces mots il coupa les hommes en deux [...]. Ainsi leur corps était divisé en deux ; chacun alors, regrettant sa moitié, la rejoignait ; et ils se jetaient dans les bras les uns des autres et s’entrelaçaient dans le désir de s’unir, de ne plus faire qu’un ; ils mouraient de faim et généralement d’inanition, parce qu’il ne pouvaient rien faire les uns sans les autres [...]. Pris de pitié Zeus inventa un nouvel expédient : il déplaça sur le devant les organes génitaux ; car jusque-là ils les portaient derrière [...] il leur permit de s’engendrer les uns dans les autres [...]. C’est donc depuis cette lointaine époque que l’amour des uns pour les autres est inné chez les hommes, qu’il ramène l’unité de notre nature primitive, et entreprend de faire un seul être de deux et de guérir la nature humaine. Ainsi chacun de nous est le complément d’un être humain, pour avoir été coupé, comme les carrelets, et d’un, être devenu deux. Chacun ne cesse alors de chercher son complément [...] chaque fois que le hasard lui fait rencontrer cette moitié de lui-même, alors l’amoureux [...] est saisi - ô prodige ! - d’un sentiment d’amitié, de familiarité, d’amour ; ils ne veulent pour ainsi dire plus se séparer, fût-ce un instant [...]. Par l’union et la fusion avec son bien-aimé, de deux [l’amoureux désire] ne devenir qu’un.]]>
Exercices de style de Raymond QueneauSun, 24 Oct 2010 17:40:00 +0200Sun, 24 Oct 2010 17:40:00 +0200http://mots.cowblog.fr/exercices-de-style-de-raymond-queneau-3051765.htmlLeo76
Résumé : Exercices de style est l'un des ouvrages les plus célèbres de l'écrivain français Raymond Queneau. Paru en 1947, ce livre singulier raconte 99 fois la même histoire, de 99 façons différentes*.
L'histoire elle-même tient en quelques mots. Le narrateur rencontre dans un bus un jeune homme au long cou, coiffé d'un chapeau orné d'une tresse tenant lieu de ruban. Ce jeune homme échange quelques mots assez vifs avec un autre voyageur, puis va s'asseoir à une place devenue libre. Un peu plus tard, le narrateur revoit ce jeune homme qui est alors en train de discuter avec un ami. Celui-ci lui conseille de faire remonter le bouton supérieur de son pardessus.

Mon avis : J'ai trouvé cette petite lecture très agréable. On pourrait qualifier ce texte de manifeste du Oulipo, mouvement fondé en partie par Queneau. Le Oulipo, tout comme ce texte, explore et joue avec la langue française, d'où ce titre Exercices de style. Relire cette histoire 99 fois mais de 99 façons différentes*, c'est amusant, intéressant et cela nous montre combien la langue française est riche. Cela me donne envie de lire un autre livre de Queneau : Zazie dans le métro.
Conclusion : N'importe qui peut lire ce petit livre, très subtil et intriguant qui nous montre tout le génie de Queneau, maître de la manipulation des mots.
Ma note : 17/20.

Morceau choisi : Rêve
Il me semblait que tout fût brumeux et nacré autour de moi, avec des présences multiples et indistinctes, parmi lesquelles cependant se dessinait assez nettement la seule figure d'un homme jeune dont le cou trop long semblait annoncer déjà par lui-même le caractère à la fois lâche et rouspéteur du personnage.
Le ruban de son chapeau était remplacé par une ficelle tressée. Il se disputait ensuite avec un individu que je ne voyais pas, puis, comme pris de peur, il se jetait dans l'ombre d'un couloir.

Une autre partie du rêve me le montre marchant en plein soleil devant la gare Saint-Lazare. Il est avec un compagnon qui lui dit : "Tu devrais faire ajouter un bouton à ton pardessus."

Là-dessus, je m'éveillai.


* : Notations, En partie double, Litotes, Métaphoriquement, Rétrograde, Surprises, Rêve, Pronostications, Synchyses, L'arc-en-ciel, Logo-rallye, Hésitations, Précisions, Le côté subjectif, Autre subjectivité, Récit, Composition de mots, Négativités, Animiste, Anagrammes, Distinguo, Homéotéleutes, Lettre officielle, Prière d'insérer, Onomatopées, Analyse logique, Insistance, Ignorance, Passé indéfini, Présent, Passé simple, Imparfait, Alexandrins, Polyptotes, Aphérèses, Apocopes, Syncopes, Moi je, Exclamations, Alors, Ampoulé, Vulgaire, Interrogatoire, Comédie, Apartés, Paréchèses, Fantomatique, Philosophique, Apostrophe, Maladroit, Désinvolte, Partial, Sonnet, Olfactif, Gustatif, Tactile, Visuel, Auditif, Télégraphique, Ode, Permutations par groupes croissants de lettres, Permutations par groupes croissants de mots, Hellénismes, Ensembliste, Définitionnel, Tanka, Vers libres, Translation, Lipogramme, Anglicismes, Prosthèses, Épenthèses, Paragoges, Parties du discours, Métathèses, Par devant par derrière, Noms propres, Loucherbem, Javanais, Antonymique, Macaronique, Homophonique, Italianismes, Poor lay Zanglay, Contre-petteries, Botanique, Médical, Injurieux, Gastronomique, Zoologique, Impuissant, Modern style, Probabiliste, Portrait, Géométrique, Paysan, Interjections, Précieux, Inattendu.

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L'existentialisme est un humanisme de Jean-Paul SartreFri, 22 Oct 2010 16:40:00 +0200Fri, 22 Oct 2010 16:40:00 +0200http://mots.cowblog.fr/l-existentialisme-est-un-humanisme-de-jean-paul-sartre-3051222.htmlLeo76
Résumé : L'existentialisme est un humanisme est le texte d' une conférence que Sartre donna à Paris, le 29 octobre 1945. L' histoire de ce texte se comprend par les circonstances qui l'entourent. L'immédiat après-guerre, d'abord, et l'ahurissement devant ce qui venait de se passer au coeur de la civilisation, et les attaques subies par Sartre pour ses écrits, qualifiés, par beaucoup d' intellectuels, de "désespérants". On aurait préféré une définition de l'homme, en ces temps meurtris, plus positive et faite d'espérance pour l'avenir à reconstruire. Les chrétiens, outre la personnalité du philosophe et son athéisme, reprochaient aux héros sartriens leur désespoir et cet abandon ' la contingence. Les communistes, à leur tour, reprochaient à Sartre la primauté donnée (apparemment) au subjectivisme dans sa philosophie ! Sartre décide donc de s' expliquer et donne cette conférence.

Mon avis : J'avais déjà lu un livre de Sartre, son autobiographie Les Mots, et j'appréciais vraiment sa philosophie existentialiste. J'ai donc voulu approfondir mes connaissances en la matière. Ce tout petit livre ne m'a pas plus, j'ai trouvé les phrases inutilement compliquées. L'homme est liberté, la "mauvaise foi" etc. je connaissais et je n'ai rien appris de nouveau avec ce livre, si ce n'est que l'homme se construit avec les autres (thème présent dans Huis clos). Je suis plutôt déçu, je n'ai même pas eu la volonté de lire la partie "Discussion". J'ai également trouvé les exemples un peu légers, discutables (l'élève qui vient le voir par exemple). Je le relirai sûrement, tranquillement.
Conclusion : Un petit livre que je conseillerais aux néophytes mais qui est loin d'être indispensable (Sartre non plus n'aime pas ce texte, le trouve incomplet).
Ma note : 11/20.

Morceau choisi : Le premier principe de l'existentialisme athée
L'existentialisme athée [...] déclare que si Dieu n'existe pas, il y a au moins un être chez qui l'existence précède l'essence, un être qui existe avant de pouvoir être défini par aucun concept et que cet être c'est l'homme ou, comme dit Heidegger, la réalité-humaine. Qu'est ce que signifie ici que l'existence précède l'essence? Cela signifie que l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu'il se définit après. L'homme, tel que le conçoit l'existentialiste, s'il n'est pas définissable, c'est qu'il n'est d'abord rien. Il ne sera qu'ensuite, et il sera tel qu'il se sera fait. Ainsi, il n'y a pas de nature humaine, puisqu'il n'y a pas de Dieu pour la concevoir. L'homme est non seulement tel qu'il se conçoit, mais tel qu'il se veut, et comme il se conçoit après l'existence, comme il se veut après cet élan vers l'existence, l'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait. Tel est le premier principe de l'existentialisme. C'est aussi ce qu'on appelle la subjectivité, et que l'on nous reproche sous ce nom même. Mais que voulons-nous dire par là, sinon que l'homme a une plus grande dignité que la pierre ou que la table ? Car nous voulons dire que l'homme existe d'abord, c'est-à-dire que l'homme est d'abord ce qui se jette vers un avenir, et ce qui est conscient de se projeter dans l'avenir. L'homme est d'abord un projet qui se vit subjectivement, au lieu d'être une mousse, une pourriture ou un chou-fleur ; rien n'existe préalablement à ce projet ; rien n'est au ciel intelligible, et l'homme sera d'abord ce qu'il aura projeté d'être.]]>
En attendant Godot de Samuel BeckettFri, 22 Oct 2010 16:00:00 +0200Fri, 22 Oct 2010 16:00:00 +0200http://mots.cowblog.fr/en-attendant-godot-de-samuel-beckett-3051215.htmlLeo76
Résumé : Deux vagabonds, Vladimir et Estragon, se retrouvent sur scène, dans un non-lieu (« Route de campagne avec arbre ») à la tombée de la nuit pour attendre « Godot ». Cet homme - qui ne viendra jamais - leur a promis qu'il viendrait au rendez-vous ; sans qu'on sache précisément ce qu'il est censé leur apporter, il représente un espoir de changement. En l'attendant, les deux amis tentent de trouver des occupations, des "distractions" pour que le temps passe.

Mon avis : Depuis le collège, cette pièce ou plutôt son titre m'intriguait. Un jour, j'ai eu l'envie de lire cette pièce dite absurde de Beckett, avant de lire Fin de partie du même auteur dans le cadre du cours de Littérature. Je voulais m'imprégner du style de l'auteur, acquérir quelque base sur le théâtre beckettien avant de l'aborder au lycée. J'ai bien fait ! Cette pièce est une très belle entrée dans l'univers de Beckett, pièce qui l'a rendu célèbre. Avec le recul, je peux même dire que j'ai presque adoré ! C'est à la fois bref, sensible, incompréhensible, cynique, vaporeux, émouvant, agressif, tragique, comique, répétitif... presques tous les qualificatifs peuvent lui être attribués. Cette pièce n'a aucun sens en soi. Et c'est bien là le souhait de Beckett (cf "Morceau choisi", ci-dessous). Pour apprécier la pièce, il faut la voir/lire telle qu'elle vient, la laisser venir à nous, la parcourir des yeux sans pour autant chercher à la comprendre. Cependant, chaque chose a un sens, même ce qui n'en a pas, en a ! Tout vient d'un cheminement de pensées ou d'actions. Alors, il est vrai que nous pouvons trouver un sens à cette pièce ("Godot" = "God" = "Dieu"), ou même psychanalyser Beckett à travers les échanges intersubjectifs de ses personnages, mais je ne pense pas que ce soit le but premier de la pièce. Ne cherchez pas le sens, il viendra tout seul à vous une fois la pièce finie.
Conclusion : Pièce classique de l'anti-théâtre, à voir ou à lire d'urgence !
Ma note : 16/20.

Morceau choisi : Quatrième de couverture, Lettre à Michel Polac, janvier 1952
« Vous me demandez mes idées sur En attendant Godot, dont vous me faites l'honneur de donner des extraits au Club d'essai, et en même temps mes idées sur le théâtre.
Je n'ai pas d'idées sur le théâtre. Je n'y connais rien. Je n'y vais pas. C'est admissible.
Ce qui l'est sans doute moins, c'est d'abord, dans ces conditions, d'écrire une pièce, et ensuite, l'ayant fait, de ne pas avoir d'idées sur elle non plus.
C'est malheureusement mon cas.
Il n'est pas donné à tous de pouvoir passer du monde qui s'ouvre sous la page à celui des profits et pertes, et retour, imperturbable, comme entre le turbin et le Café du Commerce.
Je ne sais pas plus sur cette pièce que celui qui arrive à la lire avec attention.
Je ne sais pas dans quel esprit je l'ai écrite.
Je ne sais pas plus sur les personnages que ce qu'ils disent, ce qu'ils font et ce qui leur arrive. De leur aspect j'ai dû indiquer le peu que j'ai pu entrevoir. Les chapeaux melon par exemple.
Je ne sais pas qui est Godot. Je ne sais même pas, surtout pas, s'il existe. Et je ne sais pas s'ils y croient ou non, les deux qui l'attendent.
Les deux autres qui passent vers la fin de chacun des deux actes, ça doit être pour rompre la monotonie.
Tout ce que j'ai pu savoir, je l'ai montré. Ce n'est pas beaucoup. Mais ça me suffit, et largement. Je dirai même que je me serais contenté de moins.
Quant à vouloir trouver à tout cela un sens plus large et plus élevé, à emporter après le spectacle, avec le programme et les esquimaux, je suis incapable d'en voir l'intérêt. Mais ce doit être possible.
Je n'y suis plus et je n'y serai plus jamais. Estragon, Vladimir, Pozzo, Lucky, leur temps et leur espace, je n'ai pu les connaître un peu que très loin du besoin de comprendre. Ils vous doivent des comptes peut-être. Qu'ils se débrouillent. Sans moi. Eux et moi nous sommes quittes ».]]>