Mots

Ce cadavre est exquis...

Mardi 31 août 2010 à 16:30

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Résumé : Garcin, révolutionnaire lâche et mari cruel : douze balles dans la peau ; Inès, femme démoniaque qui rendra folle de douleur sa jeune amante : asphyxie par le gaz ; Estelle, coquette sans coeur qui noie son enfant adultérin : pneumonie fulgurante. Morts, tous les trois. Mais le plus dur reste à faire. Ils ne se connaissent pas, et pourtant, ils se retrouvent dans un hideux salon dont on ne part jamais. Ils ont l'éternité pour faire connaissance : quelques heures leur suffiront pour comprendre qu'ils sont leurs bourreaux respectifs. "L'enfer, c'est les autres".

Mon avis : Bon bah c'est du Sartre ! Sûrement une de ses pièces les plus connues avec Les mains sales. Elle sert, comme toutes les oeuvres de Sartre, à illustrer la philosophie existentialiste athée. Dans celle-ci, Sartre prend comme thèmes la mort et l'éternité, mais ce n'est pas sur cela qu'il se propose d'insister : d'après ce que j'ai compris, il veut montrer qu'on ne vit qu'à travers le regard des autres. D'où le fameux "L'enfer c'est les autres", souvent mal compris. Jipé nous explique : "Mais « l'enfer c'est les autres » a été toujours mal compris. On a cru que je voulais dire par là que nos rapports avec les autres étaient toujours empoisonnés, que c'était toujours des rapports infernaux. Or, c'est tout autre chose que je veux dire. Je veux dire que si les rapports avec autrui sont tordus, viciés, alors l'autre ne peut être que l'enfer. Pourquoi ? Parce que les autres sont, au fond, ce qu'il y a de plus important en nous-mêmes, pour notre propre connaissance de nous-mêmes. Quand nous pensons sur nous, quand nous essayons de nous connaître, au fond nous usons des connaissances que les autres ont déjà sur nous, nous nous jugeons avec les moyens que les autres ont, nous ont donné, de nous juger. Quoi que je dise sur moi, toujours le jugement d'autrui entre dedans. Quoi que je sente de moi, le jugement d'autrui entre dedans. Ce qui veut dire que, si mes rapports sont mauvais, je me mets dans la totale dépendance d'autrui et alors, en effet, je suis en enfer. Et il existe une quantité de gens dans le monde qui sont en enfer parce qu ils dépendent trop du jugement d'autrui. Mais cela ne veut nullement dire qu'on ne puisse avoir d'autres rapports avec les autres, ça marque simplement l'importance capitale de tous les autres pour chacun de nous." Bon, on aime ou on n'aime pas. Moi j'aime. Cette pièce est courte, très compréhensible. Elle est sérieuse et drôle à la fois - rappelons que le premier but de Sartre était que cette pièce soit drôle, malheureusement pour lui, personne n'a ri pendant la première représentation. Les personnages (un lâche, une lesbienne et une mondaine) sont attachants malgré leur méchanceté. J'aime Sartre, sa philosophie et j'ai donc aimé cette pièce.
Conclusion : Une pièce "classique" du XXème siècle. À lire !
Ma note : 15/20.

Morceau choisi :
Le véritable enfer
"Alors c'est ça l'enfer. Je ne l'aurais jamais cru… Vous vous rappelez : le souffre, le bûcher, le gril.. Ah quelle plaisanterie. Pas besoin de gril, l'enfer c'est les autres."

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