Mots

Ce cadavre est exquis...

Lundi 30 août 2010 à 22:50

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Mon résumé : Beigbeder, c'est cet écrivain très médiatique aux manières très snobs, présent à toutes les soirées chics parisiennes. Il est issu de la nouvelle vague d'écrivains parisiens bobos qui estiment qu'un bon récit doit être fondé sur la sentimentalité. Sentimentalité qui hélas peut des fois aller jusqu'à la mièvrerie. Mais ce n'est pas le cas de ce roman, succès incontestable de l'écrivain, qui explore l'aventure amoureuse de Marc Marronnier, entre déceptions et redécouverte de la sensualité.
La première phrase nous met directement dans l'ambiance et dans l'état d'esprit de Marc/Beigbeder ( "Fini de tricher : j'ai décidé d'être mon personnage principal.") : «L’amour est un combat perdu d’avance.». En effet, celui-ci vient de divorcer de sa femme, il ne l'aime plus, il l'a trompé. C'est ce qui a accéléré les choses. La nouvelle femme qu'il aime et qui l'aime se joue de lui, et lui, se joue d'elle. Marc se perd en conjecture quant à la véritable nature de leur amour. Le roman se divise en deux parties : "Les vases communicants" avec le divorce et le nouvel amour de Marc et "Trois ans plus tard à Formentera" avec sa nouvelle amoureuse. Leur relation va-t-elle dépasser les trois ans comme l'espère ce faux pessimiste ?

Mon avis : Ce roman de 200 pages, je l'ai lu en 3 jours : le style est merveilleux, plein d'humour, avec de l'épistolaire, des maximes et beaucoup d'indications de régie, souvent ironiques et qui rappellent le parallélisme que l'on peut établir entre Marc et Beigbeder. Ici aucune trace de lyrisme, l'amour est traité avec légèreté, l'écriture est une retranscription des pensées du personnage, les phrases sont simples, spontanées mais plutôt lucides. Malgré le titre pessimiste à première vue, la fin, pleine de suspense, semble plutôt optimiste.
Cependant, Beigbeder n'a vraiment pas pris de risque, il a traité d'un sujet très commerçial avec un titre très provoquant pour attirer les lecteurs (n'oublions pas qu'il a une carrière de publicitaire derrière lui). De plus, si l'on aime ce roman, on le trouve très court... trop court.
Ce livre est conseillé aux personnes qui aiment les histoires d'amour ou tout simplement l'humour et l'originalité.
Conclusion : Un roman très sympa à lire pour décompresser ou pour aborder le thème "vu et revu" de l'amour d'un point de vue grinçant mais sincère.
Ma note : 15/20.

 Morceau choisi : Les meubles
"La première année, on achète des meubles. La deuxième année, on déplace les meubles. La troisième année, on partage les meubles."

Lundi 6 septembre 2010 à 22:30

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Quatrième de couverture : C’est l’histoire d’un grand frère qui a tout fait pour ne pas ressembler à ses parents, et d’un cadet qui a tout fait pour ne pas ressembler à son grand frère. C’est l’histoire d’un garçon mélancolique parce qu’il a grandi dans un pays suicidé, élevé par des parents déprimés par l’échec de leur mariage. C’est l’histoire d’un pays qui a réussi à perdre deux guerres en faisant croire qu’il les avait gagnées […]. C’est l’histoire d’une humanité nouvelle, ou comment des catholiques monarchistes sont devenus des capitalistes mondialisés. Telle est la vie que j’ai vécue : un roman français. F. B. Ce livre a reçu le Prix Renaudot.

Mon avis : Beigbeder est surpris par les policiers en train de sniffer. Il est emmené au poste. Une fois enfermé, il s'aperçoit qu'il est amnésique, qu'il ne se souvient plus de son enfance (mais bien sûûûûûr !). Il va donc écrire un livre dans sa tête, puisqu'il n'a pas de stylo à disposition (les policiers ayant trop peur qu'il se plante avec), pour essayer de "retrouver" son enfance soi-disant perdue.
Je viens de finir à l'instant ce roman et je suis mitigé. Je vais commencer par ce que je n'ai pas aimé. Je n'ai pas aimé la narcissisme de Beigbeder qui se lance tout le temps des fleurs (je me souviens vaguement d'une phrase "Moi qui est un des écrivains français les plus traduits dans le monde", vous voyez le genre). C'est vraiment agaçant. Je n'ai pas aimé non plus la façon dont il vante les mérites de sa famille. Oui, on sait que tu es un gros fils de riche. Oui, on sait aussi que tes parents sont supers intelligents. Oui, on sait que tes ancêtres ont cotôyé des personnes illustres ("Ronsard a dédié une ode à l'un de mes aïeux") etc. Je n'ai pas aimé non plus toutes les références qu'il fait : "admirez ma cultuuuuuuuure !", c'est vraiment ce que j'avais l'impression qu'il disait au lecteur implicitement. Je n'ai pas aimé le principe de l'autobiographie (surtout pour son cas) : comprenez, avoir une autobiographie c'est une sorte d'égocentrisme à l'état pur. Au contraire, j'ai vraiment aimé certains éléments. L'alternance dans le récit prison/enfance est intéressante et permet d'établir des liens. Les chapitres sont très courts, ce sont des bribes de prison, des bribes d'enfance. Le chapitre sur les lectures qui ont guidé son enfance est très bien, "Les "non-A" de Van Vogt et le "A" de Fred". La sincérité qui émane du roman est assez troublante et quelques (rares) fois touchantes. D'ailleurs, on comprend bien vite que Beigbeder souffre d'un manque de reconnaissance. Le "bilan" et l'épilogue sont assez réussis et émouvants. J'ai tout de même préféré L'amour dure trois ans du même auteur, je ne dois pas vraiment aimé les autobiographies.
Conclusion : Une autobiographie romancée originale et sincère pour les inconditionnels de Beigbeder. Une lecture agréable mais pas extraordinaire, aussi touchante qu'agaçante.
Ma note : 13/20.

Morceau choisi : Frédéric, enfant
" De toute manière elles n’avaient d’yeux que pour Charles, qui ne les voyait pas. Elles s’illuminaient sur son passage, « hé ! voilà le Parisien blond », et Delphine leur demandait fièrement : « Vous vous souvenez de mon neveu ? » ; il me précédait dans la pente vers la mer, prince d’or aux yeux indigo, un garçon si parfait en polo et bermuda Lacoste blancs qui descendait au ralenti vers la plage avec sa planche de body surf en polystyrène expansé sous le bras, au milieu des terrasses fleuries d’hortensias… puis les filles perdaient leur sourire quand elles me voyaient courir derrière, squelette ébouriffé aux membres désordonnés, clown malingre aux incisives cassées par une bataille de marrons à Bagatelle, les genoux rugueux de croûtes violettes, le nez qui pelait, le dernier gadget de Pif à la main. Elles n’étaient même pas dégoûtées par mon apparition, mais leurs regards vaquaient à d’autres occupations quand Delphine me présentait : « Et, euh… lui c’est Frédéric, le petit frère. » Je rougissais jusqu’au bout de mes oreilles décollées, qui dépassaient de ma tignasse blonde, je n’arrivais pas à parler, j’étais paralysé de timidité. "

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