Mots

Ce cadavre est exquis...

Lundi 6 septembre 2010 à 21:10

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Résumé : L'histoire se déroule à Ille, une petite ville du Roussillon. Le narrateur, un archéologue, s'y rend en compagnie d'un guide. Ils viennent y rencontrer M. de Peyrehorade, un antiquaire qui doit leur montrer des ruines antiques se trouvant dans la région. En chemin vers Ille, le guide informe le narrateur que M. de Peyrehorade s'apprête à marier son fils, Alphonse, avec Mlle de Puygarrig, une jeune fille fortunée de la région. Il lui indique également que l'antiquaire a découvert récemment, dans ses terres, une statue de Vénus qui date probablement de l'époque romaine. Cette statue inquiète : d'une part parce qu'elle a des yeux blancs angoissants, et d'autre part, parce qu'elle a déjà provoqué un accident : elle est tombée sur Jean Coll, l'un des ouvriers ayant participé à son exhumation, lui brisant la jambe à cette occasion.

Mon avis : J'ai dû lire ce livre vers la 3ème/2nde. Et j'en garde un bon souvenir. Ma critique ne sera pas longue car comme dit auparavant, il ne me reste de ce livre qu'un "souvenir". Mais lorsque je l'aurai relu, je posterai une critique plus conséquente. Si vous êtes vraiment intéressés, lisez cette nouvelle fantastique très courte : vous ne vous ennuierez absolument pas. Bien sûr le genre est spécial, c'est du fantastique : on ne sait dire si ce qui arrive dans le livre est la réalité ou la fiction. On se pose des questions. La Vénus est un classique du genre, avec Le Horla de Maupassant. Que doit-on choisir : explication rationnelle ou irrationnelle ? C'est à nous, lecteurs, de choisir. Mais bien souvent (et c'est ce qui fait le charme de ce genre de récit), l'écrivain ne donne pas assez d'éléments pour qu'on puisse affirmer que tout ce qui se passe est bien réel ou irréel. Le fantastique, c'est le doute. Pour revenir au livre, on peut dire que ce n'est pas une nouvelle pour les enfants. Il y a un meurtre et du mystère, beaucoup de suspense. C'est un peu un policier si l'on veut, un livre noir, un polar. C'est un livre très bien écrit par un passionné d'Histoire, on est vraiment immergé dans l'histoire du début à la fin (vous remarquerez l'antanaclase Histoire et histoire).
Conclusion : Une nouvelle fantastique réunissant tous les éléments d'un policier. Un récit bien construit, le récit n'est pas lourd du tout. À lire !
Ma note : 14/20.

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Lundi 25 octobre 2010 à 18:30

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Challenge ABC : 1er livre lu

Résumé : Sur un paquebot vont s’opposer deux champions d’échecs que tout sépare : le champion en titre, d’une origine modeste mais tacticien redoutable, et un aristocrate qui n’a pu pratiquer que mentalement, isolé dans une geôle privée pendant la répression nazie.

Mon avis : Cette petite nouvelle, lue dans le cadre du Challenge ABC, m'a beaucoup plu, contrairement à ce que je pensais. J'ai longtemps pratiqué les échecs, j'aime ce jeu, mais je pensais qu'un récit entièrement consacré à cela serait quelque peu ennuyeux. Il n'en est rien. Le récit va bien au-delà du jeu, il s'intéresse aux joueurs, à leur psychologie et à leur histoire. Les personnages sont intéressants et atypiques. L'action n'est pas intense, le récit est plutôt situé dans le passé. La fin est assez surprenante.
Conclusion : Une bonne surprise, une nouvelle émouvante et agréable à lire.
Ma note : 16/20.

Morceau choisi : Le narrateur est retenu - pour des raisons qui lui échappent - dans une chambre d'hôtel, sans aucune occupation. Il réussit à voler un livre dans la poche de son gardien : il s'agit d'un traité d'échecs.
Grâce au ciel, je m'avisai que mon drap de lit était grossièrement quadrillé. Plié avec soin, il finit par faire un damier de soixante-quatre cases. Je cachai alors le livre sous le matelas, après en avoir arraché la première page. Puis je prélevai un peu de mie sur ma ration de pain et j'y modelai des pièces, un roi, une reine, un fou et toutes les autres. Elles étaient bien informes, mais je parvins, non sans peine, à reproduire sur mon drap de lit quadrillé les positions que présentait le manuel. Néanmoins, lorsque je tentai de jouer une partie entière, j'échouai d'abord les premiers jours, à cause de mes ridicules pièces en mie de pain que j'embrouillais continuellement, parce que je n'avais pu mettre sur les "noires" que de la poussière en guise de peinture. Cinq fois, dix fois, vingt fois, je dus recommencer cette première partie. Mais qui au monde disposait de plus de temps que moi, dans cet esclavage où me tenait le néant, qui donc aurait pu être plus avide et plus patient? Au bout de six jours, je jouais déjà correctement cette partie; huit jours après, je n'avais plus besoin des pièces en mie de pain pour me représenter les positions respectives des adversaires sur l'échiquier. Huit jours encore, et je supprimais le drap quadrillé. Les signes a1, a2, c7, c8 qui m'avait paru si abstraits au début se concrétisaient à présent automatiquement dans ma tête en images visuelles. La transposition était complète : l'échiquier et ses pièces se projetaient dans mon esprit et les formules du livre y figuraient immédiatement des positions. J'étais comme un musicien exercé qui n'a qu'un coup d'œil à jeter sur une partition pour entendre aussitôt les thèmes et les harmonies qu'elle contient. Il me fallut encore quinze jours pour être en état de jouer de mémoire - ou, selon la formule consacrée, à l'aveugle - toutes les parties d'échecs exposées dans le traité; je compris alors quel inappréciable bienfait ce vol audacieux m'avait valu. Car j'avais maintenant une activité, absurde ou stérile si vous voulez, mais une activité tout de même, qui détruisait l'empire du néant sur mon âme. Je possédais, avec ces cent cinquante parties d'échecs, une arme merveilleuse contre l'étouffante monotonie de l'espace et du temps.

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