Mots

Ce cadavre est exquis...

Lundi 30 août 2010 à 19:30

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Quatrième de couverture : « Je sentis avant de penser », avoue Rousseau dès le premier Livre. Morte en le mettant au monde, sa mère avait laissé des romans que le père et le fils liront après le dîner. « En peu de temps, j'acquis, par cette dangereuse méthode, non seulement une extrême facilité à lire et à m'entendre, mais une intelligence unique à mon âge sur les passions. Je n'avais aucune idée des choses, que tous les sentiments m'étaient déjà connus. Je n'avais rien conçu, j'avais tout senti. » Cette sensibilité exacerbée fera le malheur du « pauvre Jean-Jacques ». Il se croira aimé, détesté, méprisé, attaqué et voudra se justifier en révélant les détails les plus intimes de sa vie familiale, amoureuse et sociale. Cette sensibilité fera aussi sa force. Par elle, il atteint la vérité de l'homme, l'homme naturel, sans masque, tel qu'il serait si la société ne le pervertissait pas. Stendhal et Chateaubriand s'inspirèrent de cette démarche étonnante : tout dire de soi-même, ses chutes comme ses espérances.

Mon avis : Sincèrement, je n'ai pas fini ce pavé. Je n'ai jamais autant détesté une oeuvre. Déjà, je savais que Rousseau était l'ennemi de Voltaire que j'adore, donc déjà, cela partait mal ! Rousseau ne se prend pas pour de la merde : il a même écrit ce livre pour mettre en avant sa personne. Toutes les aventures et anecdotes qu'ils racontent sont faites pour que le lecteur prenne pitié de lui, le plaigne ou même l'admire ! "Rousseau était un méchant petit narcissique" dit l'écrivain Charles Dantzig, je suis tout à fait d'accord.
Conclusion : Une des premières autobiographies écrites (Les Confessions de Saint-Augustin, longtemps avant lui) que je n'ai pas du tout aimé. Un classique malgré tout à (essayer de) lire.
Ma note : 07/20.

Morceau choisi : Le préambule (où l'on voit l'étendue de son orgueil)
"Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple et dont l’exécution n’aura point d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme ce sera moi.
Moi seul. Je sens mon cœur et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j’ai vus ; j’ose croire n’être fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre. Si la nature a bien ou mal fait de briser le moule dans lequel elle m’a jeté, c’est ce dont on ne peut juger qu’après m’avoir lu.
Que la trompette du jugement dernier sonne quand elle voudra ; je viendrai, ce livre à la main, me présenter devant le souverain juge. Je dirai hautement : voilà ce que j’ai fait, ce que j’ai pensé, ce que je fus. J’ai dit le bien et le mal avec la même franchise. Je n’ai rien tu de mauvais, rien ajouté de bon, et s’il m’est arrivé d’employer quelque ornement indifférent, ce n’a jamais été que pour remplir un vide occasionné par mon défaut de mémoire ; j’ai pu supposer vrai ce que je savais avoir pu l’être, jamais ce que je savais être faux. Je me suis montré tel que je fus, méprisable et vil quand je l’ai été, bon, généreux, sublime, quand je l’ai été : j’ai dévoilé mon intérieur tel que tu l’as vu toi-même. Être éternel, rassemble autour de moi l’innombrable foule de mes semblables ; qu’ils écoutent mes confessions, qu’ils gémissent de mes indignités, qu’ils rougissent de mes misères. Que chacun d’eux découvre à son tour son cœur aux pieds de ton trône avec la même sincérité, et puis qu’un seul te dise, s’il l’ose : Je fus meilleur que cet homme-là.
"

Lundi 30 août 2010 à 21:51

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Quatrième de couverture : Phénomène littéraire sans équivalent depuis les années 50, J.D. Salinger reste le plus mystérieux des écrivains contemporains, et son chef-d'oeuvre, " L'attrape-coeurs ", roman de l'adolescence le plus lu du monde entier, est l'histoire d'une fugue, celle d'un garçon de la bourgeoisie new-yorkaise chassé de son collège trois jours avant Noël, qui n'ose pas rentrer chez lui et affronter ses parents. Trois jours de vagabondage et d'aventures cocasses, sordides ou émouvantes, d'incertitude et d'anxiété, à la recherche de soi-même et des autres.
L'histoire éternelle d'un gosse perdu qui cherche des raisons de vivre dans un monde hostile et corrompu.

Mon avis : J'aime ! C'est frais, moderne, urbain, humain. On suit les pérégrinations de Holden, anti-héros par excellence, dans un New York by night. On a vraiment l'impression d'être avec lui dans le train, les bars, les rues noires. On s'habitue très vite au langage si singulier du garçon, qui malgré ses airs de dur, se sent seul. Ses frères et sa soeur lui manquent. On passe d'un moment drôle à un passage existentiel ou émouvant. Je regrette de ne pas l'avoir lu encore plus jeune (je l'ai lu à 16 ans) parce qu'il faut une certaine naïveté pour lire ce bouquin, ce roman de l'adolescence. C'est dingue. Mais, en fait, où vont les canards quand il fait trop froid ?
Conclusion : Ouah. Moi, ce livre, ça m’a tué. Bicause l’histoire est vachement bien et tout. C’est dingue.
Ma note : 18/20.

Morceau choisi : Pourquoi L'attrape-coeurs
« J’ai dit « Tu sais ce que je voudrais être ? Tu sais ce que je voudrais être si on me laissait choisir, bordel ?
- Quoi ? Dis pas de gros mots !
- Tu connais la chanson « Si un cœur attrape un cœur qui vient à travers les seigle » ? Je voudrais…
- C’est « Si un corps rencontre un corps qui vient à travers les seigles ». C’est un poème de Robert Burns.
- Je le sais bien […] Bon. Je me présente tous ces petits mômes qui jouent à je ne sais quoi dans le champ de seigle et tout. Des milliers de petits mômes et personne avec eux je veux dire pas de grandes personnes – rien que moi. Et moi je suis planté au bord d’une saleté de falaise. Ce que j’ai à faire c’est attraper les mômes s’ils s’approchent trop près du bord d’une saleté de falaise. Ce que j’ai à faire c’est attraper les mômes s’ils s’approchent trop près du bord. Je veux dire s’ils courent sans regarder où ils vont, moi je rapplique et je les rattrape. C’est ce que je ferais toute la journée. Je serais juste l’attrape-cœur et tout. D’accord c’est dingue, mais c’est vraiment ce que je voudrais être. Seulement ça. D’accord, c’est dingue. » 

PS : L'auteur est mort pendant que je lisais son livre.

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Jerome David Salinger
1919 † 2010
RIP



 

Lundi 30 août 2010 à 22:50

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Mon résumé : Beigbeder, c'est cet écrivain très médiatique aux manières très snobs, présent à toutes les soirées chics parisiennes. Il est issu de la nouvelle vague d'écrivains parisiens bobos qui estiment qu'un bon récit doit être fondé sur la sentimentalité. Sentimentalité qui hélas peut des fois aller jusqu'à la mièvrerie. Mais ce n'est pas le cas de ce roman, succès incontestable de l'écrivain, qui explore l'aventure amoureuse de Marc Marronnier, entre déceptions et redécouverte de la sensualité.
La première phrase nous met directement dans l'ambiance et dans l'état d'esprit de Marc/Beigbeder ( "Fini de tricher : j'ai décidé d'être mon personnage principal.") : «L’amour est un combat perdu d’avance.». En effet, celui-ci vient de divorcer de sa femme, il ne l'aime plus, il l'a trompé. C'est ce qui a accéléré les choses. La nouvelle femme qu'il aime et qui l'aime se joue de lui, et lui, se joue d'elle. Marc se perd en conjecture quant à la véritable nature de leur amour. Le roman se divise en deux parties : "Les vases communicants" avec le divorce et le nouvel amour de Marc et "Trois ans plus tard à Formentera" avec sa nouvelle amoureuse. Leur relation va-t-elle dépasser les trois ans comme l'espère ce faux pessimiste ?

Mon avis : Ce roman de 200 pages, je l'ai lu en 3 jours : le style est merveilleux, plein d'humour, avec de l'épistolaire, des maximes et beaucoup d'indications de régie, souvent ironiques et qui rappellent le parallélisme que l'on peut établir entre Marc et Beigbeder. Ici aucune trace de lyrisme, l'amour est traité avec légèreté, l'écriture est une retranscription des pensées du personnage, les phrases sont simples, spontanées mais plutôt lucides. Malgré le titre pessimiste à première vue, la fin, pleine de suspense, semble plutôt optimiste.
Cependant, Beigbeder n'a vraiment pas pris de risque, il a traité d'un sujet très commerçial avec un titre très provoquant pour attirer les lecteurs (n'oublions pas qu'il a une carrière de publicitaire derrière lui). De plus, si l'on aime ce roman, on le trouve très court... trop court.
Ce livre est conseillé aux personnes qui aiment les histoires d'amour ou tout simplement l'humour et l'originalité.
Conclusion : Un roman très sympa à lire pour décompresser ou pour aborder le thème "vu et revu" de l'amour d'un point de vue grinçant mais sincère.
Ma note : 15/20.

 Morceau choisi : Les meubles
"La première année, on achète des meubles. La deuxième année, on déplace les meubles. La troisième année, on partage les meubles."

Mardi 31 août 2010 à 1:10

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Quatrième de couverture : "Le réaliste, s'il est artiste, cherchera, non pas à nous montrer la photographie banale de la vie, mais à nous donner la vision la plus complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même."

Mon avis : Je crois que j'ai lu ce roman en seconde. J'ai un souvenir assez flou quant à l'histoire : c'est le récit de deux frères, complètement opposés aussi bien physiquement que mentalement, Pierre et Jean. Pierre est le protagoniste, c'est un anti-héros, il est sombre, cynique et est jaloux de son frère. Jean est le fils idéal, il est beau et doux, je crois qu'il perçoit un héritage entier d'un oncle éloigné, ce qui rend Pierre fou de jalousie. Pierre découvre que sa mère a trompé son père, un gaillard un peu stupide. Cela le rend fou. Je ne vous dis pas la fin mais je me souviens qu'elle m'avait ému. C'est une très bonne histoire, Maupassant à un don : on se croit vraiment parmi les personnages, on perçoit aussitôt l'objet ou la pièce qu'il veut nous décrire... J'adore ! Je me souviens que j'avais beaucoup aimé. Il faudrait que je relise ce livre un de ces jours.
Conclusion : Un très bon roman réaliste, du grand Maupassant !
Ma note : 16/20.

Morceau choisi : Le premier mot du roman, un mot alors tout à fait récent
" Zut ! "

Mardi 31 août 2010 à 1:30

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Mon résumé : Victor Hugo est un des plus célèbres écrivains français. Chef de file du courant romantique, il s'est battu toute sa vie contre les injustices et les inégalités de son temps. C'est ce qu'il fait ici, avec ce court roman.
Un homme a été condamné à la peine capitale. On ne sait pourquoi. On ne sait rien de cet homme que la justice va assassiner sinon qu'il est trop jeune pour mourir. Sa fille, son rayon de soleil, ne le reconnaît même plus. Ce livre nous entraîne dans la déchéance d'un homme qui nous fait partager ses sentiments, ses pensées et ses angoisses à travers un journal.

Mon avis : Malgré ses cent pages, ce roman est percutant. Ou du moins, devait l'être à, l'époque. En effet, nous ressentons tout ce que Hugo nous raconte et nous nous mettons à la place de ce pauvre homme. Quelle angoisse devait ressentir les condamnés à mort ! Néanmoins, pour accrocher tout à fait, il faut être sans cesse, à chaque parole, "dans" le roman. Donc inutile de lire ce livre à la plage : il est nécessaire d'être concentré pour ressentir sinon vous trouverez ce livre ridicule. Il faut aussi faire abstraction du fait que notre pays ait aboli la peine de mort et s'imaginer à cette époque ou dans un autre pays qui exécute encore ses prisonniers, sinon, là encore, le récit perd de son intérêt. Les descriptions sont quelques fois incompréhensibles et la fin est un peu bâclée malgré un suspense croissant durant tout le livre.
Conclusion : Un livre parfois contraignant mais qui mérite quand même, de par son aspect engagé et novateur, d'être lu.
Ma note : 13/20.

Morceau choisi : Le prologue
Condamné à mort !
Voilà cinq semaines que j'habite avec cette pensée, toujours seul avec elle, toujours glacé de sa présence, toujours courbé sous son poids !
Autrefois, car il me semble qu'il y a plutôt des années que des semaines, j'étais un homme comme un autre homme. Chaque jour, chaque heure, chaque minute avait son idée. Mon esprit, jeune et riche, était plein de fantaisies. Il s'amusait à me les dérouler les unes après les autres, sans ordre et sans fin, brodant d'inépuisables arabesques cette rude et mince étoffe de la vie. C'étaient des jeunes filles, de splendides chapes d'évêque, des batailles gagnées, des théâtres pleins de bruit et de lumière, et puis encore des jeunes filles et de sombres promenades la nuit sous les larges bras des marronniers. C'était toujours fête dans mon imagination. Je pouvais penser à ce que je voulais, j'étais libre.
Maintenant je suis captif. Mon corps est aux fers dans un cachot, mon esprit est en prison dans une idée. Une horrible, une sanglante, une implacable idée ! Je n'ai plus qu'une pensée, qu'une conviction, qu'une certitude : condamné à mort !

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