Mots

Ce cadavre est exquis...

Mardi 31 août 2010 à 1:40

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Résumé :
Sophie Amundsen est une jeune adolescente norvégienne approchant les 15 ans vivant avec sa mère et ses animaux de compagnie. Un jour, elle reçoit une mystérieuse lettre la poussant à se poser les questions existentielles suivantes : « Qui es-tu ? » puis « D'où provient le monde ? ».
Elle se retrouve catapultée, un peu malgré elle, dans un monde philosophique comprenant les cours de philosophie donnés par l'énigmatique Alberto Knox et les manifestations étranges d'un certain Albert Knag.

Mon avis : J'avais vraiment hâte de commencer ce pavé (600 pages) censé m'apprendre les bases de la philosophie. J'ai donc lu à rythme très régulier ce "roman sur l'histoire de la philosophie", et l'intrigue m'a bien plu. Les cours de philosophie sont très clairs et le style est simple et clair. L'intrigue devient de plus en plus intéressante et on se retrouve avec une fin qu'on aurait jamais imaginé ! Cependant, les trois chapitres (se suivant) sur le Moyen-Âge, la Renaissance et le Baroque sont fort peu intéressants et très indigestes ! La fin est très bien pensée : elle est émouvante et intelligente.
Conclusion : Un très bon roman sur l'histoire de la philosophie que je conseille à tout néophyte.
Ma note : 15/20.

Mardi 31 août 2010 à 2:20

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Résumé : Que dire lorsqu'on voit débarquer sur une plage un Huron avec " de longs cheveux en tresses " qui vous parle français ? Hé bien l'assaillir de questions, comme le font un sympathique abbé breton et sa sœur, qui découvrent tout à coup qu'ils ont en face d'eux...
leur neveu ! Solide gaillard, habile raisonneur, homme sensible, ce Huron, nommé " l'Ingénu ", observe la France de Louis XIV et nous montre, par la naïveté de ses questions, les absurdités des querelles religieuses et les abus de la monarchie absolue. A la fois roman d'apprentissage et conte satirique, L'Ingénu demeure l'une des œuvres majeures de Voltaire.

Mon avis : Le deuxième plus grand conte philosophique de Voltaire. Le récit est court et simple, la lecture agréable. L'ironie voltairienne est bien présente. L'Ingénu est attachant : j'ai préféré l'Indien à l'Allemand. L'histoire n'a malgré tout presque rien à voir avec Candide. Alors que Candide est une succession d'actions, de personnages et de lieux, l'Ingénu se concentre sur les principaux personnages et leur psychologie. Un conte plus "posé" mais pas mou pour autant ! On retrouve avec plaisir la verve de Voltaire et son combat contre l'oppression. On pourrait rapprocher cette oeuvre des Lettres persanes de Montesquieu :  un étranger naïf découvrent les coutumes d'un pays. C'est une façon d'éviter la censure.
Conclusion : Un conte très agréable à lire où humour et émotion se croisent.
Ma note : 16/20.

Morceau choisi : Voltaire parodie une hagiographie
Un jour saint Dunstan, Irlandais de nation et saint de profession, partit d'Irlande sur une petite montagne qui vogua vers les côtes de France, et arriva par cette voiture à la baie de Saint−Malo. Quand il fut à bord, il donna la bénédiction à sa montagne, qui lui fit de profondes révérences, et s'en retourna en Irlande par le même chemin qu'elle était venue.
Dunstan fonda un petit prieuré dans ces quartiers−là, et lui donna le nom de prieuré de la Montagne, qu'il porte encore, comme un chacun sait.
En l'année 1689, le 15 juillet au soir, l'abbé de Kerkabon, prieur de Notre−Dame de la Montagne, se promenait sur le bord de la mer avec mademoiselle de Kerkabon, sa soeur, pour prendre le frais.

Mardi 31 août 2010 à 15:11

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Quatrième de couverture : «Au centre de la pièce, fixé à un chevalet droit, se dressait le portrait en pied d'un jeune homme d'une extraordinaire beauté physique, devant lequel, à peu de distance, se tenait assis le peintre lui-même, Basil Hallward, celui dont, il y a quelques années, la disparition soudaine a, sur le moment, tant ému le public et donné lieu à d'étranges conjectures.»
Or Dorian Gray, jeune dandy séducteur et mondain, a fait ce voeu insensé : garder toujours l'éclat de sa beauté, tandis que le visage peint sur la toile assumerait le fardeau de ses passions et de ses péchés. Et de fait, seul vieillit le portrait où se peint l'âme noire de Dorian qui, bien plus tard, dira au peintre : «Chacun de nous porte en soi le ciel et l'enfer.»
Et ce livre lui-même est double : il nous conduit dans un Londres lugubre et louche, noyé dans le brouillard et les vapeurs d'opium, mais nous ouvre également la comédie de salon des beaux quartiers. Lorsqu'il parut, en 1890, il fut considéré comme immoral. Mais sa singularité, bien plutôt, est d'être un roman réaliste, tout ensemble, et un roman d'esthète - fascinants, l'un et l'autre, d'une étrangeté qui touche au fantastique.

Mon avis : Tout le monde m'avait dit du bien de ce roman. C'est donc avec une certaine joie que j'ai commencé ce roman... et j'ai été globalement déçu. On peut diviser ce livre en deux parties non chronologiques : les descriptions assez rébarbatives mais nécessaires et la fiction en elle-même, intéressante, mais malgré tout moins présente. Je m'attendais vraiment à assister aux méfaits de Dorian grâce à telle ou telle anecdote, mais presque tout est passé sous silence. Seulement deux de ces nombreux méfaits sont détaillés et clairement exposés dans le récit. Le reste n'est qu'ellipse, descriptions et psychologie (j'exagère à peine). Beaucoup de longueurs : je me souviens d'un passage que j'ai trouvé particulièrement indigeste où l'auteur nous expose l'intérêt qu'éprouve Dorian envers les parfums, les pierres précieuses etc. C'est d'autant plus indigeste quand on apprend que quasiment tout ce passage a été copié sur d'autres livres ! Sinon, l'histoire est vraiment intéressante et originale : elle mêle le fantastique, le réalisme et l'esthétisme, car c'est véritablement un roman d'esthète. La réalité est embellie. Je n'ai pas aimé le personnage de Lord Henry, dit Harry, qui, pour moi est bien trop orgueilleux et égocentrique. Je l'ai trouvé détestable et je n'ai quasiment jamais été d'accord avec ses dictons ou autres axiomes. Je ne sais que penser d'Oscar Wilde après cette lecture, c'est pour cela que je vais bientôt lire quelques unes de ces nouvelles.
Conclusion : Je suis mitigé. Un roman, que beaucoup qualifieront de "chef-d'oeuvre", essentiellement axé sur la psychologie et les descriptions. J'ose à dire que c'est un roman assez "féminin" aux vus des thèmes abordés. À lire quand même !
Ma note : 13/20.

Morceau choisi : La première phrase d'un roman esthétique
«L'atelier était plein de l'odeur puissante des roses, et quand une légère brise d'été souffla parmi les arbres du jardin, il vint par la porte ouverte, la senteur lourde des lilas et le parfum plus subtil des églantiers.»

Mardi 31 août 2010 à 16:30

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Résumé : Garcin, révolutionnaire lâche et mari cruel : douze balles dans la peau ; Inès, femme démoniaque qui rendra folle de douleur sa jeune amante : asphyxie par le gaz ; Estelle, coquette sans coeur qui noie son enfant adultérin : pneumonie fulgurante. Morts, tous les trois. Mais le plus dur reste à faire. Ils ne se connaissent pas, et pourtant, ils se retrouvent dans un hideux salon dont on ne part jamais. Ils ont l'éternité pour faire connaissance : quelques heures leur suffiront pour comprendre qu'ils sont leurs bourreaux respectifs. "L'enfer, c'est les autres".

Mon avis : Bon bah c'est du Sartre ! Sûrement une de ses pièces les plus connues avec Les mains sales. Elle sert, comme toutes les oeuvres de Sartre, à illustrer la philosophie existentialiste athée. Dans celle-ci, Sartre prend comme thèmes la mort et l'éternité, mais ce n'est pas sur cela qu'il se propose d'insister : d'après ce que j'ai compris, il veut montrer qu'on ne vit qu'à travers le regard des autres. D'où le fameux "L'enfer c'est les autres", souvent mal compris. Jipé nous explique : "Mais « l'enfer c'est les autres » a été toujours mal compris. On a cru que je voulais dire par là que nos rapports avec les autres étaient toujours empoisonnés, que c'était toujours des rapports infernaux. Or, c'est tout autre chose que je veux dire. Je veux dire que si les rapports avec autrui sont tordus, viciés, alors l'autre ne peut être que l'enfer. Pourquoi ? Parce que les autres sont, au fond, ce qu'il y a de plus important en nous-mêmes, pour notre propre connaissance de nous-mêmes. Quand nous pensons sur nous, quand nous essayons de nous connaître, au fond nous usons des connaissances que les autres ont déjà sur nous, nous nous jugeons avec les moyens que les autres ont, nous ont donné, de nous juger. Quoi que je dise sur moi, toujours le jugement d'autrui entre dedans. Quoi que je sente de moi, le jugement d'autrui entre dedans. Ce qui veut dire que, si mes rapports sont mauvais, je me mets dans la totale dépendance d'autrui et alors, en effet, je suis en enfer. Et il existe une quantité de gens dans le monde qui sont en enfer parce qu ils dépendent trop du jugement d'autrui. Mais cela ne veut nullement dire qu'on ne puisse avoir d'autres rapports avec les autres, ça marque simplement l'importance capitale de tous les autres pour chacun de nous." Bon, on aime ou on n'aime pas. Moi j'aime. Cette pièce est courte, très compréhensible. Elle est sérieuse et drôle à la fois - rappelons que le premier but de Sartre était que cette pièce soit drôle, malheureusement pour lui, personne n'a ri pendant la première représentation. Les personnages (un lâche, une lesbienne et une mondaine) sont attachants malgré leur méchanceté. J'aime Sartre, sa philosophie et j'ai donc aimé cette pièce.
Conclusion : Une pièce "classique" du XXème siècle. À lire !
Ma note : 15/20.

Morceau choisi :
Le véritable enfer
"Alors c'est ça l'enfer. Je ne l'aurais jamais cru… Vous vous rappelez : le souffre, le bûcher, le gril.. Ah quelle plaisanterie. Pas besoin de gril, l'enfer c'est les autres."

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