Mots

Ce cadavre est exquis...

Lundi 30 août 2010 à 1:20

http://mots.cowblog.fr/images/BalzacLePereGoriot.jpg
Mon résumé :
Cet auteur du XIXème siècle, aux idées très conservatrices, restera un modèle du courant réaliste. Décrire une société telle qu'il la voit, c'est ce que propose Balzac avec sa Comédie Humaine, énorme projet littéraire sans précédent. Il s'agit de copier les naturalistes. Cependant, il n'est pas question d'animaux mais bien d'hommes et de classes sociales. Il désire classer les hommes, les dépeindre, les décrire sans concession. Quand on dira à Balzac que ses romans sont immoraux, il répondra que c'est la société qu'il l'est, car ses romans sont les miroirs de celle-ci, de cette époque.
Rastignac est un jeune premier qui rêve de percer dans la société mondaine parisienne. Il délaisse ses études pour se consacre à ce désir. Il rencontre de nombreux adjuvants et opposants tout au long de ces trois mois, et s'attachera au Père Goriot, pensionnaire de la maison Vauquer tout comme lui, père de deux filles, toutes deux mariées à des nobles. Ses filles le rejètent car elles ont honte, c'est un bourgeois qui a profité de la Révolution Française en spéculant sur la nourriture. N'oublions pas que la plupart des romans de Balzac se déroulent sous la Restauration, époque où les nobles tentent d'effacer de la mémoire collective la R.F ! Ce récit peut être envisagé de deux façons : soit c'est un "drame" de la paternité, si l'on estime que Goriot est le protagoniste de l'histoire, soit c'est un roman d'apprentissage, si l'on pense que Rastignac est le héros de ce récit.

Mon avis : J'ai étudié ce roman réaliste dans la séquence Le roman et ses personnages : vision de l'Homme et du Monde. Ce livre est très facile à lire, la psychologie du héros est simple : "parvenir" (comme le dit Vautrin), les personnages très stéréotypés nous amusent ou nous intriguent. Ce roman, on dirait du théâtre, le théâtre de la vie.
Cependant, les moeurs et la société de l'époque ont changé, et on a vraiment du mal à s'identifier à ce jeune noble (mais pauvre) arriviste qu'est Rastignac et à ce bagnard roux homosexuel qu'est Vautrin. De plus, le récit peut s'étendre en longueur sur des futilités, ou des "temps morts"...
Je conseille donc ce livre aux férus d'Histoire et aux personnes qui n'ont pas peur du Réalisme, c'est-à-dire, des descriptions (surtout des personnages ici) et des détails quelque fois insignifiants... Quoique, rien n'est jamais insignifiant chez Balzac !
Conclusion : Un roman représentatif du réalisme qui explore les mauvais côté de la haute-société parisienne et qui s'intéresse à la déchéance. Je garde le souvenir d'un roman intéressant mais surtout indigeste.
Ma note : 13/20.

Morceau choisi :
Le père Goriot, vieillard de soixante-neuf ans environ, s'était retiré chez madame Vauquer, en 1813, après avoir quitté les affaires. Il y avait d'abord pris l'appartement occupé par madame Couture, et donnait alors douze cents francs de pension, en homme pour qui cinq louis de plus ou de moins étaient une bagatelle. Madame Vauquer avait rafraîchi les trois chambres de cet appartenant moyennant une indemnité préalable qui paya, dit-on, la valeur d'un méchant ameublement composé de rideaux en calicot jaune, de fauteuils en bois verni couverts en velours d'Ultrecht, de quelques peintures à la colle, et de papiers que refusaient les cabarets de la banlieue.

Lundi 30 août 2010 à 16:30

http://mots.cowblog.fr/images/lesmots.jpg
Quatrième de couverture : "J'ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-père, il y en avait partout ; défense était de les faire épousseter sauf une fois l'an, avant la rentrée d'octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées : droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothèque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait..."

Mon avis : C'est le livre que j'ai étudié en classe dans le cadre de la séquence L'autobiographie. Je ne connaissais que très peu Jean-Paul Sartre avant, mais le personnage m'a beaucoup plus. J'aime sa philosophie existentielle et son train de vie légendaire avec Simone de Beauvoir, le "Castor". Cette autobiographie, qui pourrait aussi être qualifié d'essai, de roman et même d'apologue, m'a laissé une drôle d'impression. Je ne peux dire si j'ai aimé ou pas aimé. C'est intéressant et ce n'est pas présenté chronologiquement comme beaucoup d'autobiographies, mais dialectiquement sous forme de deux parties : "Lire" et "Ecrire". C'est un texte vraiment littéraire et ironique. Sartre y expose sa névrose littéraire avec beaucoup d'humour n'hésitant pas à se ridiculiser lui-même. Par contre, on ne peut lire ce livre d'une traite. Il y a des passages très indigestes et n'importe quelle situation exposée invite à la réflexion. Il y a aussi de nombreuses disgressions et anecdotes. Enfin, on peut dire que ce livre fait partie de sa longue "saga" qui expose et définie l'existentialisme athée dont Sartre est le chef de file. C'est un classique à lire même s'il peut être contraignant.
Conclusion : Une autobiographie très intéressante, mais lourde, qui nous permet de mieux connaître Sartre et son enfance.
Ma note : 14/20.

Morceau choisi : Mon passage préféré
« Pour m’assurer que l’espèce humaine me perpétuerait on convint « dans ma tête » qu’elle ne finirait pas. M’éteindre en elle, c’était naître et devenir infini mais si l’on émettait devant moi l’hypothèse qu’un cataclysme pût un jour détruire la planète, fût-ce dans cinquante mille ans, je m’épouvantais ! Aujourd’hui encore, désenchanté, je ne peux penser sans crainte au refroidissement du soleil : que mes congénères m’oublient au lendemain de mon enterrement, peu m’importe ! Tant qu’ils vivront je les hanterai, insaisissable, innommé, présent en chacun comme sont en moi les milliards de trépassés que j’ignore et que je préserve de l’anéantissement ; mais que l’Humanité vienne à disparaître, elle tuera ses morts pour de bon ! »

Lundi 30 août 2010 à 16:50

http://mots.cowblog.fr/images/CalvinoLebaron.jpg
Mon résumé : Italo Calvino est l'un des plus grands écrivains de la littérature italienne. il est l'auteur de nombreux romans, dont Les Villes invisibles, Si par une nuit d'hiver un voyageur, d'essais et d'articles. Les titres de ses oeuvres sont assez étranges et énigmatiques, c'est ce qui m'a intrigué et poussé à lire Le baron perché.
Le résumé sera assez court tout comme la vie de ce baron, puisque ce livre conte surtout des petites aventures, ou des anecdotes ayant rapport avec l'engagement de Côme Laverse du Rondeau, à savoir rester et vivre dans les arbres, et l'amour. Ce roman, écrit en 1957, raconte la vie au XVIIIème siècle d'un jeune aristocrate qui décide, suite à une dispute familiale, de grimper dans un arbre et de ne plus jamais en descendre pour prouver, d'une certaine façon, le vrai sens de la liberté et de l'intelligence. Il prend du recul sur la vie si conventionnelle qu'il menait jusqu'ici. Le point de vue externe est adopté, c'est son frère, plus sage, qui raconte l'histoire, cela permet aussi de laisser planer un doute quant à la véritable nature des histoires et agissements de Côme. En effet, le narrateur nous apprend qu'il nous raconte ce que son frère, lui-même, lui a conté. On peut penser que le baron perché a pu romancer ses aventures pour se donner du relief (on n'est pas un noble pour rien !) et pour donner envie à son frère de le rejoindre. La fin du baron m'a réellement surpris, c'est très bien trouver de la part de Calvino, et ne parlons même-pas des derniers mots du narrateur/écrivain, très touchants et très beaux.

Mon avis : Ce livre est très facile à lire, le style est travaillé sans pour autant être laborieux. On suit avec plaisir ce héros, vu par les yeux admirateurs de son frère, en quête d'idéal, bravant les injustices sociales et se rebellant contre la société : on pourrait parler d'un personnage romantique. Les références sont nombreuses, en matière de littérature, comme en matière d'histoire. Ainsi, le narrateur ira en France parler de son frère à... Voltaire ! assis dans son célèbre fauteuil accompagné de jeunes femmes, et Côme, du haut de son arbre adressera la parole à un Napoléon Bonaparte intrigué. Cette rencontre n'est d'ailleurs pas sans rappeler la rencontre de Diogène et d'Alexandre le Grand, à Côme et Napoléon eux-mêmes : "Si je n'eusse été l'empereur Napoléon, j'eusse bien voulu être le citoyen Côme Rondeau !" s'empresse de conclure Napoléon de sa rencontre. L'humour et les clins d'oeil sont donc bien présents.
Que peut-on alors reprocher à ce roman qui à première vue à l'air très bien ? Je vais vous répondre de façon directe : c'est l'ennui qu'on éprouve lorsqu'on lit les aventures du baron pendant les 19 premiers chapitres (ce livre compte en tout 30 chapitres ! donc 63% d'ennui !) Les anecdotes sont inintéressantes à souhait et on a vraiment du mal à s'attacher à ce héros un brin lunatique. J'ai même failli abandonner la lecture ! Par contre, et fort heureusement, à partir du vingtième chapitre, tout s'accélère, l'histoire devient vraiment intéressante et le baron, attachant. L'émotion s'intensifie aussi. Je divise donc ce livre en deux parties (très subjectives) : la première (chapitres 1 à 19), celle de la mise en situation, des anecdotes peu intéressantes et des rencontres diverses dans les arbres, et la seconde (chapitres 20 à 30), celle des émotions, de la nostalgie et de la fin du baron. Malgré tout, je pense que la première partie est "obligée" pour rentrer dans l'histoire et dans les aventures de ce drôle de héros, mais je n'ai pas du tout accroché.
Conclusion : Un livre charmant, léger et simple qui n'est pas si loin d'égaler Candide.
Ma note : 14/20.

Morceau choisi :
La fin du livre
« Ombreuse n’existe plus. Quand je regarde le ciel vide, je me demande si elle a vraiment existé. Ces découpes de branches et de feuilles, ces bifurcations ; ce ciel dont on ne voyait que des éclaboussures ou des pans irréguliers ; tout cela existait peut-être seulement pour que mon frère y circulât de son léger pas d’écureuil. C’était une broderie faite sur du néant, comme ce filet d’encre que je viens de laisser couler, page après page, bourré de ratures, de renvois, de pâtés nerveux, de taches, de lacunes, ce filet qui parfois égrène de gros pépins clairs, parfois se resserre en signes minuscules, en semis fins comme des points, tantôt revient sur lui-même, tantôt bifurque, tantôt assemble des grumeaux de phrase sur lit de feuille ou de nuages, qui achoppe, qui recommence aussitôt à s’entortiller et court, court, se déroule, pour envelopper une dernière grappe insensée de mots, d’idées de rêves — et c’est fini. »

Lundi 30 août 2010 à 17:40

http://mots.cowblog.fr/images/MarivauxLile.jpg
Quatrième de couverture :
Echoués à la suite d’un naufrage sur une île gouvernée par des esclaves fugitifs, une coquette et un petit-maître perdent la liberté tandis que leurs esclaves désormais affranchis deviennent maîtres – et leur font subir diverses épreuves : « Nous vous jetons dans l’esclavage pour vous rendre sensibles aux maux qu’on y éprouve ; nous vous humilions, afin que, nous trouvant superbes, vous vous reprochiez de l’avoir été. » En 1725, c’est un monde social renversé que Marivaux donne à voir sur la scène du Théâtre-Italien : la fragilité du pouvoir peut ainsi se dévoiler, les rancœurs enfouies se libérer, et le malheur d’une condition servile s’éprouver. Mais si l’inversion est bien politique, elle est également ludique, et cette pièce sérieuse aux faux airs d’utopie est bien une comédie : le spectateur s’y amuse aux dépens des maîtres que leurs valets caricaturent, et il rit autant des maladresses que commettent ces valets lorsqu’ils tiennent le rôle des maîtres.

Mon avis : Cette pièce nous expose les relations de l'époque entre les classes sociales, et les critique. Marivaux crée de toute pièce une île où les rôles sont inversés pour le plus grand bonheur des esclaves et pour le plus grand malheur des maîtres. Au début, désireux de vengeance, les esclaves ont finalement pitié de leur maîtres et les libèrent. Ils finissent par accepter leur condition. Les maîtres quant à eux prennent conscience de leur dureté. Morale : les esclaves doivent rester esclaves car ils ne sont pas de bons maîtres et les maîtres doivent être moins sévères. Pas très original tout ça. Marivaux utilise le docere, placere : il utilise l'humour pour instruire. Il reprend également des personnages stéréotypés, par exemple, Arlequin est issu de la commedia dell'arte, pour rendre le spectacle plaisant. Le tout fait moins d'une centaine de pages d'après mes souvenirs et se lit en moins d'une heure, aucune difficulté de compréhension. On regrettera cependant que Marivaux n'ait pas été jusqu'au bout de son idée : à la fin du livre, j'ai ressenti une impression d'inachevé. On dirait plus une esquisse qu'une véritable pièce de théâtre.
Conclusion : Un pièce sympathique mais loin d'être extraordinaire.
Ma note : 12/20.

Morceau choisi : La conclusion de Trivelin
TRIVELIN : Vous me charmez. Embrassez-moi aussi, mes chers enfants ; c'est là ce que j'attendais. Si cela n'était pas arrivé, nous aurions puni vos vengeances, comme nous avons puni leurs duretés. Et vous, Iphicrate, vous, Euphrosine, je vous vois attendris ; je n'ai rien à ajouter aux leçons que vous donne cette aventure. Vous avez été leurs maîtres, et vous en avez mal agi ; ils sont devenus les vôtres, et ils vous pardonnent ; faites vos réflexions là-dessus. La différence des conditions n'est qu'une épreuve que les dieux font sur nous : je ne vous en dis pas davantage. Vous partirez dans deux jours et vous reverrez Athènes. Que la joie à présent, et que les plaisirs succèdent aux chagrins que vous avez sentis, et célèbrent le jour de votre vie le plus profitable.

Lundi 30 août 2010 à 18:40

http://mots.cowblog.fr/images/DurasUnbarrage.jpg
Mon résumé : Marguerite Duras est née en 1914, en Cochinchine de parents instituteurs, séduits par l'aventure coloniale. Leur vie est heureuse jusqu'à ce que le père meurt en 1921. "La mère" pour subsister fait des petits boulots par ici et par là. Marguerite s'intéresse au théâtre et au cinéma qu'elle va bousculer et renover : c'est une figure importante de l'art de la seconde moitié du XXème siècle, souvent contestée. Elle meurt en 1996 en partie à cause de son alcoolisme.
Un barrage contre le Pacifique est le roman d'inspiration autobiographique qui l'a fait connaître. Dans le sud de l'Indochine durant les années 1920. Une  vieille veuve,  fatiguée et malade, vit avec ses deux enfants, Joseph et Suzanne (Duras ?), vingt et dix-sept ans, dans un bungalow isolé de la plaine marécageuse de Kam en Indochine. La vieille femme, ignorante des coutumes coloniales qui nécessitent d'avoir recours à des pots de vin, a investi toutes ses économies dans une concession incultivable que les grandes marées du Pacifique innondent régulièrement. Elle se bat alors contre la direction générale du cadastre, puis en désespoir de cause décide de construire, avec l'aide des paysans de la région, un barrage afin de contenir les grandes marées...

Mon avis : Ce roman divisé en deux parties est tragique et réaliste (voire naturaliste) : en effet, on y suit les malheurs d'une famille dans la pauvreté et la chaleur indochinoise. La famille va imploser, ce n'est qu'une affaire de temps. Entre "la mère", névrosée et brutale, Joseph, qui rêve de liberté et Suzanne, qui admire son frère (à tel point qu'on se demande si elle n'est pas amoureuse de lui), les confrontations familiales sont violentes. "La mère" si désireuse d'argent va même jusqu'à donner la main de sa fille à un fils de riche sans scrupule qui veut acheter l'amour de Suzanne. Se rendant compte de son erreur, Joseph et "la mère" se mettent alors à le détester... Les rôles sont inversés : M. Jo devient alors la victime de son amour.
J'ai beaucoup aimé la première partie, on l'on est en immersion dans la pauvreté et la dureté de la vie de cette famille et où l'on rencontre ce M. Jo, intriguant mais naïf fils d'une fortune locale. La seconde partie m'a paru moins intéressante, on suit la famille, dans la grande ville (on appréciera cependant la longue description antithétique et ironique de la ville, avec le quartier "blanc" et "l'autre", le quartier indigène) et la déchéance de la mère : j'ai moins accroché mais ce n'est pas ennuyant pour autant. L'exotisme est bien sûr très présent, on est dépaysé, peut-être trop... Que dire d'autre ? c'est un livre assez spécial, qui donne faim, mais que je n'ai pas trouvé émouvant dans l'ensemble. J'ai trouvé la fin quelque peu bâclée.
Conclusion : Un roman d'inspiration autobiographique dont la première partie est vraiment intéressante.
Ma note : 13/20.

Morceau choisi : La première phrase
Il leur avait semblé à tous les trois que c'était une bonne idée d'acheter ce cheval.

<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | Page suivante >>

Créer un podcast